Un mur d’écrans, des dossiers sur la table. Une salle spéciale est aménagée à Mar-a-Lago, dans la résidence floridienne de Donald Trump, pour former au plus vite sa prochaine administration. Le banquier Howard Lutnick conduit le recrutement sur ses instructions, en coordination avec Susie Wiles, qui dirigera le cabinet de Donald Trump à la Maison Blanche, après son investiture comme président le 20 janvier 2025. Leur objectif : tenir la promesse de rupture radicale, lancer l’offensive contre l’Etat fédéral, placer des fidèles à la tête des ministères et des agences stratégiques. La pratique du pouvoir, le périmètre du gouvernement et la réputation des Etats-Unis pourraient s’en trouver bouleversés, en rupture avec des décennies de culture institutionnelle bipartisane.

Les critères de sélection sont classiques dans le monde trumpiste. D’abord, la loyauté au chef. Ensuite, la prestance télévisée et la compatibilité idéologique. Ces trois points ont joué, bien davantage que la compétence, en faveur du nouveau secrétaire à la défense, Pete Hegseth, dont la nomination a été annoncée mardi 12 novembre. Vétéran de l’armée au sein de la garde nationale, ce diplômé de Princeton est surtout connu comme présentateur d’une émission le week-end sur la chaîne conservatrice Fox News. En mars, ce chrétien passionné, aux bras couverts de tatouages relatifs à sa foi, à l’Amérique et à ses armes, avait organisé une prière en direct. De nombreux cadres républicains au Congrès ont eu le souffle coupé en apprenant ce choix de Donald Trump.
Auteur d’un livre sur la pénétration du « wokisme » et les ravages supposés de la diversité dans l’armée – devenus des thèmes prisés du monde trumpiste –, Pete Hegseth ne possède aucune expertise des questions militaires, des enjeux de sécurité, des crises actuelles impliquant le Pentagone. Il s’oppose à la promotion des femmes dans l’armée aux positions de combat. Nomination vertigineuse.
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