Joe Biden pensait réconcilier l’Amérique avec elle-même. « La politique n’a pas à être un incendie ravageur détruisant tout sur son passage. Chaque désaccord ne doit pas être la cause d’une guerre totale. » Ainsi s’exprimait-il le jour de son investiture, le 20 janvier 2021. Deux semaines plus tôt, les partisans de Donald Trump avaient donné l’assaut au Capitole. La démocratie américaine avait vacillé. Mais, en ce jour marquant un retour illusoire à la normale, le nouveau président parlait de « respect » et d’« unité ».
Près de quatre ans plus tard, alors que les citoyens américains s’apprêtent à élire son successeur, mardi 5 novembre, ces mots ressemblent à un mirage. L’Amérique titube près d’un précipice. Plein d’amertume rentrée, Joe Biden est relégué au siège inconfortable de spectateur. Il revient dorénavant à Kamala Harris de reprendre la mission : sauver la démocratie américaine et l’Etat de droit d’un nouveau mandat de Donald Trump, qui promet d’être ravageur et plus extrémiste, selon ses propres engagements.

Neuf ans après l’entrée fracassante du milliardaire en politique, en empruntant un escalier roulant de la Trump Tower, à New York, la prolongation de ce combat dit l’enracinement du trumpisme, la puissance de sa rhétorique identitaire et la fragmentation de l’Amérique. La nouvelle ligne de front est le gender gap, le fossé inédit entre le vote des hommes et celui des femmes. Blancs et sans diplômes, les hommes forment le public captif de Donald Trump depuis 2016. Mais s’y ajoutent de plus en plus d’hommes hispaniques et noirs, à en croire les études. L’espoir démocrate est leur mobilisation moindre par rapport à celle des femmes.
Il vous reste 86.86% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.