Pour tenter de désamorcer la colère des agriculteurs, le gouvernement français mène aussi l’offensive à Bruxelles. Mercredi 31 janvier, le ministre de l’agriculture, Marc Fesneau, devait se rendre dans la capitale européenne pour gérer les « urgences », a fait savoir son cabinet. Il y rencontrera, entre autres, le commissaire à l’agriculture, le Polonais Janusz Wojciechowski. Jeudi 1er février, Emmanuel Macron fera à son tour le déplacement, pour participer à une réunion des chefs d’Etat et de gouvernement consacrée à l’aide financière à Kiev.
A cette occasion, a fait savoir l’Elysée lundi, le président français a prévu de s’entretenir avec Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission. « Nous annonçons les rendez-vous de la présidente quand nous le jugeons utile », a nuancé, mardi, Eric Mamer, le porte-parole de la Commission, qui s’est refusé à confirmer la rencontre.
Les sujets ne manquent pas alors que la politique agricole commune (PAC), le Pacte vert, les accords de libre-échange ou encore l’ouverture du marché intérieur aux produits ukrainiens alimentent les récriminations du monde agricole. La France n’est pas seule à demander à Bruxelles des aménagements sur ces textes à la conception desquels elle a participé. L’Allemagne, la Pologne, la Belgique ou encore la Roumanie, où l’on a vu, ces derniers jours, les tracteurs défiler et bloquer des autoroutes, sont aussi à la manœuvre, mais pas toujours avec le même cahier des charges.
Réduire les ambitions des législations
A quatre mois des élections européennes, la perspective d’un mouvement de contestation du type de celui des « gilets jaunes » qui pourrait s’étendre sur le Vieux Continent inquiète. D’autant plus que les enquêtes d’opinion montrent une possible poussée de l’extrême droite, alimentée, entre autres, par une exaspération croissante face aux thématiques environnementales.
Dans ce contexte, la Commission s’est montrée, ces derniers mois, très attentive aux agriculteurs. Le 13 septembre 2023, Ursula von der Leyen, leur disait, à Strasbourg, sa « gratitude » et annonçait une « nouvelle phase du Green Deal » qui verrait leurs préoccupations davantage prises en compte. Elle a, dans la foulée, renoncé à plusieurs initiatives législatives sur le bien-être animal ou les substances chimiques, annoncé la prolongation de dix ans de l’autorisation du glyphosate et proposé de revoir à la baisse le statut de protection des loups.
Au Parlement européen, les conservateurs du Parti populaire européen, dont est issue l’ex-ministre d’Angela Merkel, ont pris fait et cause pour le monde agricole et se sont attachés à réduire les ambitions de plusieurs législations le concernant, par exemple sur la restauration de la nature ou la baisse de l’usage des pesticides.
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