Un choc après l’autre. Deux jours à peine après la condamnation sans précédent du cardinal Angelo Becciu à cinq ans et demi de prison pour fraude dans l’un des plus grands scandales financiers de l’histoire du Vatican, l’Eglise catholique encaisse une nouvelle secousse, provoquée par une décision du pape François.
Lundi 18 décembre, le dicastère pour la doctrine de la foi, l’organisme de la curie romaine chargé de veiller à la rigueur idéologique, a publié une « déclaration doctrinale » autorisant la bénédiction (action consistant à invoquer la bienveillance divine sur une ou plusieurs personnes) des couples homosexuels. Une demande de longue date des associations et des fidèles LGBTQ catholiques, mais qui hérisse une frange conservatrice de l’Eglise.
Le texte signé par le chef de l’institution héritière de l’inquisition, le cardinal Victor Manuel Fernandez, et par François lui-même, affirme : « Il est possible de bénir les couples en situation irrégulière [non mariés religieusement] et les couples de même sexe, sous une forme qui ne doit pas être fixée rituellement par les autorités ecclésiales, afin de ne pas créer de confusion avec la bénédiction propre au sacrement du mariage. » Vatican News, le site du Saint-Siège, soulignait lundi la « grande valeur doctrinale » de ce document, le premier de ce type publié depuis vingt-trois ans.
En dehors de la messe
Ainsi autorisée, la bénédiction doit avoir lieu en dehors des moments liturgiques, à savoir la messe, et sans cadre précis. Car il ne saurait être question pour l’Eglise d’établir une quelconque équivalence entre cette bénédiction des couples « irréguliers » et l’institution du mariage, définie par elle comme l’union indissoluble d’un homme et d’une femme voués à procréer. Cette bénédiction ne modifie en rien « la doctrine traditionnelle de l’Eglise concernant le mariage ».
Pour bien marquer la différence, le texte précise que la bénédiction « ne sera jamais accomplie en même temps que les rites civils d’union, ni même en relation avec eux ». « [Les] vêtements, [les] gestes ou [les] paroles propres au mariage » en seront également bannis. Elles pourront avoir lieu dans des contextes autres que la messe comme « la visite d’un sanctuaire, la rencontre avec un prêtre, une prière récitée en groupe ou lors d’un pèlerinage ».
L’idée, poursuit le texte, est de ne plus « empêcher ou interdire la proximité de l’Eglise avec toute situation où l’on recherche l’aide de Dieu ». Les prêtres, qui pourront bénir les couples qui le souhaitent, sont ainsi appelés à « demander pour eux la paix, la santé, un esprit de patience, de dialogue et d’entraide ».
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