La montée est moins raide, mais la descente n’est pas encore en vue. Selon les dernières projections du Global Carbon Budget, un rapport du collectif Global Carbon Project réunissant cent vingt et un scientifiques et quatre-vingt-quinze organisations et publié mardi 5 décembre, les émissions mondiales de CO2 liées à la production et à la consommation d’énergies fossiles seront de 36,8 milliards de tonnes de dioxyde de carbone (soit 36,8 gigatonnes - GtCO2) en 2023.
Cela représente une hausse de 1,1 % par rapport à 2022, et ce total dépasse encore de 1,4 % les niveaux de 2019, juste avant la baisse temporaire liée à l’épidémie mondiale de Covid-19. Et si l’on prend en compte le déficit lié au changement d’usage des terres (la déforestation par exemple), le résultat est de 40,9 GtCO2.
Année après année, l’effet de serre se renforce. « Le niveau de CO2 atmosphérique devrait atteindre une moyenne de 419,3 ppm [parties par million] en 2023, soit 51 % de plus que les niveaux préindustriels », indique l’étude qui prévient que le seuil le plus ambitieux de l’accord de Paris de 2015 pourrait bientôt être franchi : « Si les niveaux actuels d’émissions de CO2 persistent, le budget carbone restant pour limiter le réchauffement à 1,5 °C avec une probabilité de 50 % pourrait être dépassé dans sept ans. »
« On se contente d’accélérer moins vite »
Alors que la 28e conférence mondiale sur le climat (COP28) à Dubaï, aux Emirats arabes unis, est censée évoquer la réduction ou la sortie des énergies fossiles, la dépendance du monde à l’égard de ces carburants est toujours immense.
Dans le détail, les émissions liées au charbon devraient augmenter de 1,1 %, celles liées au pétrole seraient en hausse de 1,5 % et celles liées au gaz naturel devraient croître de 0,5 %. Des données inquiétantes sachant que le charbon, combustible le plus néfaste pour l’atmosphère, représente toujours 41 % du mix (le pétrole 32 %, le gaz naturel 21 %). Seule éclaircie dans ce tableau, le dégagement de CO2 augmente moins fortement que par le passé : + 0,5 % au cours de la dernière décennie (2013-2022), en deçà de la croissance annuelle de 2,6 % observée au cours de la décennie précédente (2003-2012).
« Nous sommes dans un monde où les émissions continuent d’augmenter, mais moins vite, le souci c’est qu’elles devraient se réduire, résume Philippe Ciais, chercheur au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement et membre de ce collectif. C’est comme quand un mur arrive et que vous êtes à 120 km/h, on devrait freiner mais on se contente d’accélérer moins vite. » Le rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement, publié le 20 novembre, préconisait de baisser les émissions de gaz à effet de serre de 42 % en 2030 pour espérer tenir contenir le réchauffement à + 1,5 °C.
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