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Pollution de l’air : comment l’industrie pétrolière sème le doute scientifique pour affaiblir la réglementation

Concawe, le bras « scientifique » de l’association européenne des fabricants de carburant, finance des études qui contestent les effets sanitaires du dioxyde d’azote ou du benzène, selon une enquête de l’ONG Transport & Environment.

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Publié le 29 novembre 2023 à 00h01, modifié le 29 novembre 2023 à 08h55

Temps de Lecture 4 min.

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Le périphérique parisien lors d’un épisode de pollution, le 15 février 2023.

Le 21 mars 2023, le chef de file des eurodéputés conservateurs, le Tchèque Alexandr Vondra, organise à Bruxelles une audition publique sur la proposition de nouvelle norme Euro 7 sur la pollution automobile, qu’il combat. Les participants sont invités à répondre à la question : « Opportunité ou menace ? »

Parmi les experts sollicités sur les « aspects environnementaux et sanitaires » figure un représentant de Concawe, pour Conservation of Clean Air and Water in Europe (« Préservation de l’air et de l’eau purs en Europe »). Inconnu du grand public mais pas des fonctionnaires bruxellois, le nom évoque une de ces organisations de défense de l’environnement qui croisent le fer avec les lobbys de l’industrie dans les coulisses de la Commission européenne.

Fausse piste. Créé il y a tout juste soixante ans par deux cadres de BP et d’Exxon inquiets des conséquences de la réglementation européenne sur les activités du secteur, Concawe est le bras « scientifique » de FuelsEurope, la puissante association européenne des fabricants de carburant.

« Usine » à produire des études

Le patron de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, était son vice-président en 2013. Sa mission : produire « une science solide » sur les impacts environnementaux et sanitaires de l’industrie pétrolière, affirme Concawe sur son site Internet. Son objectif : « Contribuer à une décision législative éclairée ».

Doté d’un budget annuel de 16 millions d’euros, composé de huit « cadres » scientifiques, de dix scientifiques « associés » et de consultants externes tous passés par l’industrie pétrolière, Concawe est une « usine » à produire des études et des rapports. Son catalogue en recense plusieurs centaines, dont une cinquantaine sur la pollution de l’air.

Plus de deux cents ont été publiés dans des revues scientifiques ces cinq dernières années. Avec des résultats qui remettent souvent en cause des consensus scientifiques, selon une enquête menée par l’ONG Transport & Environment (T & E) publiée mercredi 29 novembre.

C’est le cas, notamment, pour les effets sanitaires du dioxyde d’azote (NO₂), gaz nocif émis principalement par le trafic automobile, et en particulier les véhicules diesel. En 2014, Concawe publie une « revue [de 260 pages ] des récentes études » consacrées au sujet qui conclut à des « doutes considérables ».

52 000 décès par an

Quatre ans plus tard, Concawe transmet une nouvelle étude à l’Agence européenne de l’environnement (AEE) que Le Monde s’est procurée : elle soutient que le lien entre exposition au NO₂ et mortalité n’est « pas confirmé » et que de nouvelles études sont nécessaires. Selon les dernières estimations de l’AEE, publiées le 24 novembre, l’exposition au NO₂ est à l’origine d’environ 52 000 décès par an à l’échelle de l’Union européenne.

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