Les annonces peuvent paraître modestes au regard de la conflagration qui menace l’ensemble du Proche-Orient, près de trois semaines après les attaques terroristes du Hamas contre Israël, le 7 octobre. Emmanuel Macron a profité de son passage au Caire, mercredi 25 octobre, pour annoncer, à l’issue de son entretien avec le président Abdel Fattah Al-Sissi, l’arrivée, dès jeudi, en Egypte, d’un avion chargé de matériel médical destiné à la population de la bande de Gaza et l’envoi d’un navire de la marine nationale au large du territoire. Affrété depuis Toulon, le Tonnerre aura vocation à apporter un soutien aux hôpitaux de l’enclave palestinienne administrée par le Hamas, au bord de l’effondrement après bientôt trois semaines de blocus intégral et de bombardements israéliens.
Fort de ces gestes humanitaires, le chef de l’Etat français a cherché à convaincre les voisins arabes de l’Etat hébreu – à commencer par l’Egypte et la Jordanie, où il s’est aussi rendu dans la journée – de sa volonté d’éviter le pire. Après avoir témoigné la veille sa « solidarité » envers Israël et justifié le « droit [de l’Etat hébreu] à se défendre », M. Macron a mis en garde Tel-Aviv contre une « invasion terrestre massive », susceptible de multiplier le nombre de victimes civiles.
Une telle opération serait « une erreur », parce qu’elle ne serait « pas de nature à protéger dans la durée Israël et (…) n’est pas compatible avec le respect des populations civiles, du droit international humanitaire et même des règles de la guerre », a-t-il indiqué aux journalistes, juste avant de décoller pour Paris. Une façon de dire tout haut ce que nombre de capitales pensent tout bas, au moment même où son homologue américain, Joe Biden, encourageait Israël à faire « tout son possible pour épargner les civils ».
Une « protection humanitaire »
Pour autant, en écho à la position israélienne, le président français s’est gardé d’appeler à un cessez-le-feu, c’est-à-dire à un arrêt des bombardements sur Gaza, qui ont déjà causé 6 500 morts, selon l’administration du territoire palestinien. Emmanuel Macron a même renoncé à demander une « pause », voire une « trêve » humanitaire, une idée développée avant son départ par son entourage et reprise par la première ministre, Elisabeth Borne. Le chef de l’Etat s’est contenté de parler de « protection humanitaire », une formule qui ne suppose pas automatiquement la cessation temporaire des hostilités.
Le roi Abdallah II de Jordanie, au contraire, a insisté sur la « nécessité absolue » d’arrêter la guerre à Gaza car « sa poursuite pourrait mener à une explosion dans la région ». Partisan lui aussi d’un cessez-le-feu, le président Sissi a exhorté Israël à éviter « une invasion terrestre de Gaza », car elle ferait, selon lui, « un grand nombre de victimes civiles ».
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