Ils ont choisi le silence et la prière avant d’engager les débats sur l’avenir de l’Eglise catholique. Samedi 30 septembre, après une prière œcuménique célébrée par le pape accompagné des chefs d’autres Eglises chrétiennes, place Saint-Pierre, les 364 membres du synode qui s’ouvre pour quatre semaines au Vatican, mercredi 4 octobre, se sont rendus à Sacrofano, à une vingtaine de kilomètres de Rome. Quatre jours durant, ils ont fait retraite pour se préparer à la mission que leur a confiée François.
Gouvernance de l’Eglise, ordination d’hommes mariés, place des femmes et des laïcs ou encore gestion des violences sexuelles commises par des membres du clergé : les sujets que les fidèles ont mis sur la table et dont cette assemblée va devoir débattre risquent de bousculer l’institution. Lancé en 2021 par le pontife, ce « synode sur la synodalité », dans la terminologie catholique, vise à placer les fidèles au centre du fonctionnement de l’Eglise, dans un contexte assombri par la crise des vocations dans une partie du monde et par la multiplication des scandales sexuels. Pour Jorge Mario Bergoglio, qui aura bientôt 87 ans, il s’agit de rien moins que de faire « germer des rêves dans l’Eglise ». Cette réunion au sommet, qui se prolongera par une seconde dans un an, pourrait être la dernière grande occasion de son pontificat de forger son legs.
A bien des égards, le processus qui se conclura en 2024 est historique. Pour la première fois des laïcs, y compris des femmes, sont appelés à discuter, mais aussi à délibérer aux côtés des évêques auxquels l’exercice des synodes est habituellement réservé. Sur les 365 votants (364 sans le pape François), l’assemblée compte 96 laïcs dont 54 femmes. Parmi elles, la religieuse française Nathalie Becquart, sous-secrétaire du synode, l’une des femmes les plus haut placées du Saint-Siège.
Si les évêques ont été élus par leur conférence épiscopale et les religieux choisis par leur ordre, certains membres ont été désignés par le pape lui-même. Parmi eux, la théologienne espagnole Cristina Inoges Sanz, réputée pour des études de théologie dite féministe, ou le prêtre jésuite américain James Martin, connu pour sa défense de l’inclusion des homosexuels dans l’Eglise.
Des questions clivantes
Par ailleurs, le synode est historique car il est le résultat d’une consultation sans commune mesure avec ce qui a pu se faire par le passé. Des fidèles du monde entier se sont réunis dans leurs paroisses afin d’envoyer leurs contributions sur la façon dont, selon eux, l’Eglise devrait fonctionner pour s’ancrer dans son temps. Leurs écrits ont ensuite été regroupés par pays, puis par continents, avant d’être envoyés à Rome.
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