La silhouette est toujours aussi svelte, la raie parfaite, mais les tempes ont beaucoup blanchi. Près d’un an après être entré au 10 Downing Street en remplacement de Liz Truss, le premier ministre britannique, Rishi Sunak, accuse le coup. Pourtant, alors que commence la conférence annuelle du Parti conservateur, qui se tient à Manchester du 1er au 4 octobre, ce tory de 43 ans à la carrière éclair – il a été élu député en 2015 et désigné chancelier de l’Echiquier en 2020 – semble encore croire à ses chances pour les élections générales de 2024, bien que son parti, grevé par treize années au pouvoir et un bilan (l’austérité et le Brexit) difficile à défendre, accuse dans les sondages un retard conséquent sur les travaillistes.
En 2022, à la même époque, les tories semblaient pris de folie destructrice. Ils venaient de se débarrasser de Boris Johnson, exaspérés par ses mensonges ou omissions. Liz Truss, qui lui avait succédé en septembre, luttait déjà pour sa survie après avoir déclenché une tempête financière à cause d’un plan de baisses d’impôts impossible à financer. Rishi Sunak, candidat malheureux face à elle quelques semaines plus tôt, était finalement désigné en catastrophe pour la remplacer, fin octobre.
Une fois aux commandes, il fait exactement ce que l’on attend alors de lui : remettre de l’ordre dans un groupe parlementaire chaotique et ramener le professionnalisme et le sérieux à Downing Street. Rishi Sunak « a stabilisé le parti après le mandat complètement dingue de Liz Truss, souligne Anand Menon, politiste au Kings College, à Londres, et directeur du centre de recherche UK in a Changing Europe. Ne nous y trompons pas : sa formation reste très divisée, sur l’économie ou l’environnement. Mais les élus ont pris conscience qu’ils ne peuvent pas une fois de plus contester l’autorité de leur leader, car ils sont trop près de la prochaine élection générale ».
Pas grand-chose à perdre
Le dirigeant a aussi restauré l’image du Royaume-Uni sur la scène internationale et rétabli des rapports diplomatiques normaux, sinon cordiaux, avec Paris et Bruxelles. En février, il a signé avec Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, le cadre de Windsor, un accord sur le statut de l’Irlande du Nord post-Brexit, mettant fin à un contentieux aigu avec l’Union européenne (UE). En mars, il était à Paris pour un sommet franco-britannique lors duquel il a scellé un « nouveau départ » avec le président français, Emmanuel Macron, et réussi à renouveler un partenariat sur la migration sans polémique.
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