Après le sac en plastique à usage unique en caisse, qui a fait ses adieux en juillet 2016, puis le ticket de caisse, délivré seulement sur demande depuis le 1er août, le prospectus commercial en papier des grandes surfaces, distribué anonymement dans les boîtes aux lettres, va-t-il disparaître à son tour ?
Chez E.Leclerc, qui aspire 23,6 % des dépenses des Français dans les grandes surfaces alimentaires, selon l’institut Kantar, c’est officiellement la fin. Son patron, Michel-Edouard Leclerc, avait promis, fin 2022, qu’à partir du mois de septembre il cesserait totalement leur distribution pour l’ensemble de ses 734 magasins en France, faisant, au passage, une économie de 50 000 tonnes de papier chaque année.
A la différence du ticket de caisse, dont l’arrêt de la distribution systématique est encadré par la loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire du 10 février 2020, la disparition progressive des catalogues en papier est une démarche que les enseignes anticipent aussi par crainte qu’elle ne leur soit un jour imposée.
« Ça commence à coûter très cher »
Cora a cessé de distribuer les siens en janvier, Franprix et Monoprix, en 2019. Le géant suédois du meuble, Ikea, a mis un terme, fin 2020, à celui qu’il éditait depuis soixante-dix ans. Carrefour a annoncé, pour sa part, qu’il réduirait de 80 % la distribution de ses catalogues papier en France dès 2024… pour les numériser.
Des raisons écologiques mais aussi économiques, étant donné la forte hausse des cours du papier en 2022, « dont les prix ont été multipliés par trois en huit mois », fait remarquer un distributeur selon lequel, « dans les comptes d’exploitation, en plus de la hausse des salaires et de l’énergie, ça commence à coûter très cher ».
Selon l’Agence de la transition écologique (Ademe), plus de 766 000 tonnes d’imprimés publicitaires non adressés ont été distribuées en 2021, dont une part significative a été jetée sans avoir été lue. « Il existe 23 millions de boîtes aux lettres en France » et chacune reçoit, en moyenne, « entre dix et douze prospectus par semaine, sauf à Paris, qui est très mal desservi », fait remarquer Pierre-Yves Larvor, directeur général adjoint de Milee, ex-Adrexo, qui recouvre 40 % du marché de la distribution de prospectus papier.
Un bon moyen d’attirer de nouveaux clients
Mais tous les distributeurs ne sont pas prêts à y mettre fin. « Le prospectus, c’est bien plus que du papier ! », déclarait Dominique Schelcher, le PDG de Système U, dans une tribune publiée dans plusieurs quotidiens en décembre 2022, assurant que 60 % de ses clients les plébiscitent. L’enseigne, qui supervise 1 702 magasins de toutes tailles, souligne que, « pour certaines opérations, c’est un outil difficile à remplacer », qui reste un bon moyen d’attirer de nouveaux clients. « Lorsque l’hypermarché est situé à 30 kilomètres du consommateur, il faut des sollicitations pour l’inciter à se déplacer », relève-t-on chez Système U.
Il vous reste 32.25% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.