C’est un été qui n’a ressemblé à aucun autre. Dans son agence immobilière Laforêt du 11e arrondissement de Paris, Samantha Néro ne « rentre » plus qu’un appartement à louer par semaine, dans le meilleur des cas. « Il y a beaucoup moins d’offres de location et de turn-over dans les logements que les années passées, témoigne-t-elle. Mais, en revanche, je reçois une dizaine de demandes par jour de personnes en recherche d’un appartement. » Pour chaque nouvelle annonce mise en ligne, elle obtient « une centaine d’appels et autant de mails dans les deux heures qui suivent ». « Je filtre, dit-elle, je n’organise jamais plus d’une dizaine de visites, pour ne pas donner de faux espoirs à plus de monde. »
A la tête de huit agences Laforêt dans l’Est parisien, Laurent Da Costa confirme la pénurie. « Pour la première fois depuis que j’ai ouvert, en 2007, on perd plus d’appartements en gestion qu’on en rentre, constate-t-il. Lorsqu’un locataire part, beaucoup de propriétaires mettent en vente leur appartement. » Ses clients « avaient déjà eu du mal à digérer l’encadrement des loyers », désormais, c’est la perspective du couperet du diagnostic de performance énergétique (DPE) qui les pousse à vendre.
« Les petites surfaces à louer dans les quartiers de Paris où sont installées mes agences, ce ne sont quasiment que des étiquettes F ou G. La rentabilité locative à Paris était déjà faible, mais elle va être nulle pour les propriétaires qui doivent réaliser de gros travaux de rénovation énergétique pour pouvoir continuer à louer, explique le responsable d’agences. Les bailleurs ont aussi du mal à trouver des entrepreneurs quand ils veulent faire des devis, les matériaux coûtent très cher… Bref, ils préfèrent vendre. »
« Amorce d’une baisse des prix »
Depuis le 1er janvier, les pires passoires thermiques sont interdites à la location. Cette interdiction concernera tous les biens classés G en 2025, les F en 2028 et les E en 2034. Des mesures destinées à faire baisser les émissions de gaz à effet de serre, loin d’être anodines : en Ile-de-France, 2,3 millions de résidences principales avaient, en 2018, un diagnostic de performance énergétique classé E, F ou G. Soit 45 % du parc francilien de résidences principales.
L’investissement locatif a perdu de son attrait. « Nous ne vendions plus ces derniers mois que des résidences principales dans nos agences, souligne Laurent Da Costa. Mais, depuis le début du mois d’août, on perçoit un frémissement, les investisseurs semblent revenir sur le marché, avec l’amorce d’une baisse des prix de l’immobilier. Peut-être que l’effet DPE commence aussi à être digéré. »
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