Ce lundi 24 juillet a commencé par des ablutions, à l’aube, dans le village de tentes que les opposants à la réforme de la justice voulue par le gouvernement israélien ont monté depuis deux jours dans le parc Sacher de Jérusalem, en contrebas de la colline où se dresse le Parlement. Petit déjeuner sous les arbres dans leur quartier général improvisé, recharge des téléphones au générateur. Puis une petite foule, plutôt jeune, monte jusqu’au premier barrage de police, tirant des chaînes, s’arrimant à des tubes de métal, afin de bloquer cet accès à la Knesset.
D’autres, arrivés tôt de Tel-Aviv, se massent sur les boulevards alentour. Les parlementaires examinent depuis la veille le premier volet de la réforme, un amendement à l’une des Lois fondamentales qui tiennent lieu de constitution au pays. Il est censé faciliter le renvoi de hauts fonctionnaires – des ministres ont, par exemple, pris pour cible la procureure générale Gali Baharav-Miara –, mais également la nomination de certains candidats, quand bien même la Cour suprême soupçonnerait ces derniers d’incompétence ou de corruption.
La police actionne ses canons à eau pour disperser les manifestants. Un meneur est rapidement arrêté – au moins trente-quatre arrestations ont lieu au fil de la journée.
Peu après 8 heures, un convoi de SUV noirs conduit Benyamin Nétanyahou hors de l’hôpital Sheba de Tel-Aviv, où on lui a implanté un pacemaker, samedi soir. Le premier ministre a disparu durant vingt-quatre heures. Il repousse une seconde fois, ce lundi matin, un briefing du chef d’état-major de l’armée. Il ne verra qu’en fin d’après-midi, après le vote, cet officier fort inquiet. Plus de 12 000 réservistes ont prévenu qu’ils cessaient actuellement de se porter volontaires, pour protester contre la réforme. Des généraux informent une partie du cabinet de sécurité, ainsi que les chefs des partis d’opposition, de l’avancée de cette crise inédite, qui prend des allures de rébellion organisée.
Réforme impopulaire
M. Nétanyahou laisse encore planer la possibilité d’un compromis avec l’opposition sur le texte. Le président, Isaac Herzog, censé être le garant de l’unité nationale, s’active entre les partis. Les radios tournent en boucle sur l’état de ces pourparlers, n’évoquant qu’en second lieu la crise qui agite l’armée. Des chaînes de supermarchés, des banques et des entreprises du puissant secteur de la tech sont en grève ce lundi. Mais le principal syndicat, la Histadrout, attend le résultat des négociations pour se prononcer.
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