Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

Affaire financière Libor-Euribor : chronique d’un fiasco judiciaire

Ils étaient les coupables parfaits de la crise financière de 2008 : d’anciens tradeurs, qui avaient touché de gros bonus. Huit ont fait de la prison, un neuvième s’est réfugié en France. Leurs condamnations pourraient être annulées.

Par  (Londres, correspondance)

Publié le 20 juillet 2023 à 05h00, modifié le 20 juillet 2023 à 16h38

Temps de Lecture 7 min.

Article réservé aux abonnés

Dans la nuit du 5 au 6 juillet, Tom Hayes a fait un cauchemar, dans lequel il était renvoyé en prison. Après avoir passé cinq ans et demi derrière les barreaux, au Royaume-Uni, deux ans et demi après sa libération, l’ancien tradeur, qui clame son innocence, demeure profondément traumatisé. Mais le lendemain, il apprenait la nouvelle qu’il attendait depuis si longtemps : son procès va être rouvert et se tiendra devant la cour d’appel britannique, probablement début 2024.

Alors que le Britannique était arrivé au bout de tous les recours judiciaires, la commission britannique pour la révision des procès criminels (Criminal Cases Review Commission, CCRC) a tranché en sa faveur. Une décision rare, qui ne peut être prise que si de nouvelles preuves ou de nouveaux éléments peuvent modifier le jugement initial.

Helen Pitcher, la présidente de la CCRC, estime que la « bonne approche légale » n’a peut-être pas été prise lors du premier procès, et elle promet de « remuer ciel et terre dans [la] lutte contre les possibles erreurs judiciaires ».

Tom Hayes, le premier tradeur condamné dans l’affaire de la manipulation du Libor et de l’Euribor, à Arundel (Royaume-Uni), le 29 janvier 2021, après sa libération de prison.

Erreur judiciaire… Le mot est lâché. Yeux bleus perçants, émotion contenue, mais à fleur de peau, M. Hayes, condamné en première instance, en 2015, à quatorze ans de prison (réduits à onze ans en appel) – plus que certains meurtriers – se bat pour blanchir son nom depuis son arrestation initiale, en décembre 2012. « Nous avons été condamnés pour quelque chose qui n’était tout simplement pas illégal », martèle-t-il aujourd’hui. Il parle au pluriel parce qu’il est la figure de proue d’un groupe de neuf tradeurs – lui compris – condamnés à un total de quarante-neuf ans et sept mois de prison, qui espèrent tous voir leur condamnation annulée dans le sillage de M. Hayes.

Obscurs taux d’intérêt

Dans les années qui ont suivi la crise financière de 2008, ces anciens banquiers grassement payés, dont deux Français, faisaient des coupables parfaits. Ils se sont retrouvés au centre de ce qui était présenté par les régulateurs et les parquets financiers de plusieurs pays comme un énorme scandale. Selon l’accusation, ils avaient manipulé d’obscurs taux d’intérêt, appelés « Libor » et « Euribor », qui servent de référence à des centaines de milliards d’euros de produits financiers.

Huit d’entre eux ont effectivement fait de la prison, et le dernier est devenu un fugitif, réfugié en France. Mais, aujourd’hui, le dossier d’accusation est en train de s’écrouler. « Tom [Hayes] et les autres tradeurs ont servi de boucs émissaires, accuse, sur la BBC, le député conservateur britannique David Davis. A l’époque, il y a eu une sorte de chasse aux sorcières : tout le monde était très en colère contre les banquiers, pour de bonnes raisons (…), les gens voulaient des punitions : je crains que les tribunaux britanniques aient cédé à cette pression. »

Il vous reste 72.95% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.