L’Ukraine donne l’alerte depuis deux semaines : la Russie aurait miné la centrale nucléaire de Zaporijia, la plus grande d’Europe, et s’apprêterait à commettre une « provocation dans un avenir proche ». Selon l’armée ukrainienne, des « objets similaires à des engins explosifs ont été placés sur le toit extérieur des réacteurs 3 et 4. Leur détonation ne devrait pas endommager les générateurs, mais donner l’impression de bombardements depuis le côté ukrainien », a-t-elle affirmé, mardi 4 juillet, avertissant que Moscou « fera de la désinformation à ce sujet ». Le soir même, à une heure avancée, le président, Volodymyr Zelensky, tenait des propos identiques, ajoutant : « Personne ne peut rester à l’écart, car les radiations affectent tout le monde. »
Les accusations sont désormais réciproques. Mardi, la Russie, à son tour, a accusé Kiev de préparer une attaque sur ce site ultrasensible, occupé par les troupes russes depuis le 4 mars 2022. « Aujourd’hui, nous avons reçu une information que je suis autorisé à révéler, a déclaré un conseiller du géant russe du nucléaire Rosatom, Renat Karchaa. Le 5 juillet, durant la nuit, en pleine obscurité, l’armée ukrainienne va essayer d’attaquer la centrale nucléaire de Zaporijia. »
Rien de tel ne s’était finalement produit, jeudi, à l’aube, mais, en Ukraine, cette accusation, considérée comme un subterfuge, fait craindre encore davantage un passage à l’acte de la Russie. Un autre élément alimente l’inquiétude : selon Dmytro Orlov, le maire d’Enerhodar, où se situe la centrale, une partie des employés de Zaporijia collaborant avec les Russes et des membres du personnel de Rosatom auraient quitté la ville il y a quelques jours. L’évacuation, dans la partie russe occupée, devait s’achever ce 5 juillet, et les employés civils et soldats russes encore présents devaient rejoindre la Crimée, ont avancé les services ukrainiens de renseignement. Moscou a démenti, mais cette date du 5 juillet a continué à cristalliser la tension.
« Déclarations provocatrices »
Mercredi, les autorités ukrainiennes ont appelé la communauté internationale à prendre des « mesures immédiates » pour prévenir une éventuelle catastrophe. En réponse, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a réclamé l’accès à l’ensemble des bâtiments de la centrale pour pouvoir « confirmer l’absence de mines ou d’explosifs sur le site ». « Nos experts doivent pouvoir vérifier les faits sur le terrain » de manière « indépendante et objective », a déclaré le directeur général de l’AIEA, Rafael Grossi.
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