Pour la sixième soirée de suite, dans la nuit de mardi 4 à mercredi 5 juillet, plus de 40 000 policiers et gendarmes ont quadrillé le territoire après les graves émeutes de la semaine passée. Une mobilisation inédite qui n’a pas empêché de nouvelles dégradations : 116 feux de poubelles, 78 incendies de véhicules, huit bâtiments touchés mais, pour la première fois en huit nuits, plus aucune attaque recensée contre des locaux de la police, de la gendarmerie ou des bureaux de police municipale. « On nous explique que ça se calme, observe un fonctionnaire de police, mais quand on passe de 1 000 degrés à 300 degrés, il fait toujours chaud. »
Pour le moment, l’urgence de la situation détourne encore les membres des forces de l’ordre de « l’après », lorsque surviendra l’indispensable débat sur leurs missions, sur les treize morts lors de refus d’obtempérer comptabilisés en 2022 ou le devenir des centaines de quartiers désormais sinistrés.
En attendant, une crainte parcourt l’institution : l’éventualité d’un nouveau cycle de tensions en cas de révélations tardives de graves blessures ou, pire, de mort, causées par les forces de l’ordre au cours des affrontements. Le risque est identifié depuis longtemps et des affaires émergent.
« Aucune réserve, pas la moindre nuance »
Après des révélations du quotidien La Marseillaise, le parquet de Marseille a confirmé l’ouverture d’une information judiciaire pour « coups mortels avec usage ou menace d’une arme » à la suite de la mort d’un homme âgé de 27 ans dans la nuit du samedi 1er au dimanche 2 juillet, probablement à la suite d’un tir de Flash-Ball ou de lanceur de balles de défense (LBD). Et, à Mont-Saint-Martin (Meurthe-et-Moselle), un homme circulant en voiture a été grièvement atteint, selon ses proches, par une munition antiémeute de type beanbag, un sachet de coton contenant de minuscules plombs, vendredi 30 juin, sans doute après un tir de l’antenne locale du RAID (unité de recherche, d’assistance, d’intervention et de dissuasion), l’une des unités d’élite de la police.
La situation pourrait rapidement redevenir critique, alors même, souligne David Le Bars, secrétaire national du Syndicat des commissaires de la police nationale, que l’extrême polarisation des débats politiques depuis une semaine a contribué à aggraver la séquence dramatique ouverte par la mort de Nahel M. lors d’un contrôle routier, mardi 27 juin, à Nanterre. « D’un côté, les mises en cause collectives de La France insoumise, de l’autre, les déclarations d’amour intéressées du Rassemblement national, analyse-t-il. Dans les deux cas, il n’y a aucune réserve, pas la moindre nuance : les collègues n’en peuvent plus de cette récup. »
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