Les premiers résultats confirment que la crise s’enlise : sur 9 162 postes ouverts en 2023 aux principaux concours de professeurs des écoles (CRPE) publics, plus de 1 300 n’ont pas été pourvus, soit environ 15 %. C’est moins qu’en 2022, mais le déficit de lauréats pour le premier degré reste cependant trois fois plus élevé qu’en 2021, avant que la réforme de la formation du précédent ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, n’exige un master 2 pour être candidat. « Le choc d’attractivité n’a pas eu lieu », déplore Guislaine David, secrétaire générale du premier syndicat d’enseignants du primaire, le SNUipp-FSU.
Derrière ces chiffres se dessine une profonde fracture territoriale. Contrairement aux concours du second degré, organisés pour chaque discipline à l’échelle nationale et dont les résultats de cette année ne sont pas encore connus, ceux du premier degré recrutent au niveau académique. En 2023, la quasi-totalité des trente académies ont pourvu tous leurs postes, et même davantage, des lauréats se retrouvant sur listes complémentaires. Les 1 391 places vacantes aux deux principaux concours publics sont, en réalité, concentrées sur trois territoires : la Guyane (119 sur 180), Créteil (652 sur 1 494) et Versailles (600 sur 1 500).
La Guyane, où 70 % des postes restent vacants, est confrontée de longue date à des problématiques très spécifiques d’enclavement, de qualité des infrastructures et de conditions d’accueil des enseignants. « Cette situation a des répercussions préoccupantes sur la qualité de l’éducation dispensée aux élèves guyanais, compromettant ainsi leur avenir et leurs perspectives de réussite », alerte le SE-UNSA.
La « mastérisation » a accentué la crise
Les académies de Créteil et Versailles sont, elles, devenues les miroirs grossissant de la crise d’attractivité du métier d’enseignant et de ses conséquences en métropole. Avec 17 % des élèves et 18 % des enseignants, les deux académies d’Ile-de-France sont les plus importantes du pays. Elles sont aussi, de loin, celles que les professeurs en poste cherchent le plus à quitter. En 2021, elles comptaient entre 4,5 fois et 5 fois plus d’enseignants titulaires souhaitant en sortir qu’y entrer.
Ces territoires étant relativement peu touchés par la baisse démographique, les besoins de nouveaux professeurs des écoles y sont importants chaque année, alors que les candidats y sont rares : en 2023, les deux académies franciliennes proposaient un tiers des 8 174 postes ouverts au concours externe du premier degré, mais n’ont enregistré que 13 % des inscriptions au niveau national.
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