Jamais le comité interministériel de restructuration industrielle, la cellule de Bercy qui vient en aide aux entreprises en difficulté, n’avait eu à superviser un dossier d’une telle ampleur. Jeudi 15 juin, banquiers, avocats et conciliateurs ont rendez-vous au ministère de l’économie et des finances pour lancer, sous l’égide dudit comité, la très attendue restructuration de la dette du Groupe Casino, l’un des plus gros employeurs privés français, avec 208 000 collaborateurs dans le monde.
Le tribunal de commerce de Paris a décidé d’ouvrir, le 25 mai, une procédure de conciliation pour permettre au distributeur de négocier une réduction de moitié de ses 6,3 milliards d’euros de dette avec ses créanciers « dans un cadre juridique sécurisé ».
Quels sont les besoins de trésorerie du groupe ? Quel niveau d’endettement peut-il supporter ? Autant de questions auxquelles devra répondre un audit approfondi mené sur Casino présenté jeudi, des data rooms (chambres d’informations) ouvrant en parallèle. De quoi permettre aux discussions de s’engager concrètement entre le groupe, ses créanciers et les repreneurs qui se sont manifestés à ce stade. Le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky (actionnaire indirect du Monde) avait été le premier à adresser une lettre au conseil d’administration pour lui proposer d’injecter 1,1 milliard d’euros au capital de Casino, dont 750 millions de son côté.
Le 8 juin, Xaviel Niel, Matthieu Pigasse (tous deux actionnaires à titre individuel du Monde) et Moez-Alexandre Zouari ont également écrit aux administrateurs de Casino pour les informer de leur volonté de faire émerger « un projet industriel, social et financier », offrant pour leur part de réunir jusqu’à 1,1 milliard d’euros (dont 300 millions de leur poche). Le trio s’engage, par ailleurs, à maintenir le siège de Casino à Saint-Etienne et à ne pas démanteler le groupe. Dans la foulée de l’annonce, l’action a bondi de 16 %, mercredi 14 juin, à l’ouverture de la Bourse de Paris.
Les financiers à la manœuvre
Une fois l’état des lieux établi, certains détenteurs de la dette – des fonds anglo-saxons – qui ont d’ores et déjà fait savoir qu’ils souhaitaient investir des sommes importantes, préciseront leur projet. Une augmentation de capital de Casino est nécessaire à la fois pour indemniser une partie des créanciers et pour réinvestir dans les magasins et surtout dans les prix. En raison des apports des uns et des autres et des conversions de dette en capital, cette restructuration promet de redessiner le contrôle du distributeur stéphanois, majoritairement détenu jusque-là par Jean-Charles Naouri à travers sa holding Rallye.
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