Un tribunal. Un périmètre bouclé par la police. Des dizaines de caméras aux aguets pendant des heures. Donald Trump face à un juge, plaidant non coupable, puis remis en liberté. Cette scénographie historique à Miami (Floride), mardi 13 juin, déjà vécue à New York, il y a deux mois, dans une autre instruction, marque une étape décisive dans les affres judiciaires qui cernent l’ancien président. Favori des primaires républicaines, le voilà inculpé au niveau fédéral pour détention volontaire de documents relevant de la sécurité nationale, emportés et dissimulés après son départ de la Maison Blanche, et obstruction d’une enquête.
Ayant quitté le tribunal en compagnie de son assistant personnel, Waltine Nauta, l’autre accusé, Donald Trump s’est arrêté au Versailles, un fameux restaurant cubain de Miami, pour saluer ses fans. Une façon pour lui d’intégrer l’événement dans sa campagne, comme si rien ne devait le dévier de sa course vers la Maison Blanche, en 2024.
Donald Trump se pose en victime d’une conspiration démocrate, avec la complicité de magistrats « marxistes », tel le procureur spécial Jack Smith, présent à l’audience. Lors d’un discours décousu, tenu le soir dans son club de golf à Bedminster (New Jersey), en préambule à une inévitable levée de fonds, l’ex-dirigeant a justifié la conservation de « [s]es propres papiers présidentiels », comme si son mandat ne s’était jamais interrompu. Joe Biden ? « Corrompu. » Le procureur spécial ? « Il a l’air d’un voyou. » L’enquête ? « Interférence électorale », digne d’une « nation fasciste ou communiste ». Le public, lui, s’est animé en chantant : « Joyeux anniversaire ! » Il a eu 77 ans le 14 juin.
Pour l’heure, cette stratégie semble avoir une certaine efficacité chez les sympathisants républicains : selon un sondage CBS News/YouGov, 76 % pensent que ces poursuites sont politiquement motivées. Dans la base du Grand Old Party (GOP), une forme de scepticisme vis-à-vis de la justice s’est imposée depuis le début même de son mandat, en 2017, au fil de scandales sans traduction pénale et de deux procédures infructueuses de destitution au Congrès. Les mensonges de l’équipe Trump ont cimenté cette défiance, devenue une hostilité au gouvernement fédéral lui-même.
Multiplier les recours pour retarder la perspective d’un procès
Sur le fond, la défense de l’ancien dirigeant paraît bien fragile. Présenter Donald Trump comme une victime est « ridicule », a estimé l’ancien ministre de la justice William Barr, sur la chaîne conservatrice Fox News. A l’en croire, si la moitié seulement de l’acte d’accusation se confirmait, le candidat serait « cuit ».
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