L’information ne constituait pas vraiment une surprise, mais elle a quand même choqué en Ecosse : l’ancienne première ministre, Nicola Sturgeon, a été arrêtée par la police, dimanche matin 11 juin, et relâchée au bout de sept heures, sans cependant avoir été inculpée.
L’ex-dirigeante, avocate passionnée de l’indépendance, très admirée pour son charisme et l’empathie dont elle avait fait preuve durant la pandémie de Covid-19, était interrogée dans le cadre d’une enquête sur les finances de sa formation indépendantiste, le Parti national écossais (SNP). Cela fait maintenant deux ans que la police écossaise a lancé l’opération « Branchform » pour comprendre ce que sont devenus les quelque 600 000 livres sterling (700 000 euros) qui avaient été versés au SNP par des partisans de l’indépendance.
A la suite du référendum raté de 2014 (55,3 % des votants avaient choisi de rester au sein du Royaume-Uni), le parti avait fait appel aux dons pour financer la campagne d’un deuxième référendum. Mais ce dernier ne s’est toujours pas tenu et ne sera pas organisé dans un futur proche. Pour autant, l’argent semble s’être volatilisé.
Une expérience « choquante et angoissante »
Avant Nicola Sturgeon, c’est son mari, Peter Murrell, qui avait été arrêté par la police, début avril, dans le cadre de la même enquête, et relâché, comme elle, sans inculpation, au bout de quelques heures. A l’époque, la police avait transformé le pavillon du couple, dans la banlieue de Glasgow, en vraie scène ce crime, avec tente, cordons et agents en combinaison intégrale fouillant méthodiquement les lieux. Le siège du SNP avait aussi été perquisitionné et la police avait également saisi un mobile home tout neuf, garé chez la mère de M. Murrell, qui aurait été acheté avec l’argent du parti.
Quinze jours plus tard, le trésorier du SNP, Colin Beattie, était à son tour arrêté et relâché sans charges, dans la même journée. Nicola Sturgeon étant l’une des trois personnes habilitée à signer les comptes du parti, avec M. Beattie et son mari, son arrestation était donc prévisible. Réagissant sur Twitter après sa sortie du commissariat, dimanche soir, elle a décrit l’expérience comme « choquante et profondément angoissante », mais assuré « être convaincue d’être innocente de tout acte répréhensible ».
Rien n’indique que la police enquête sur un enrichissement personnel : jusqu’à présent, elle s’est abstenue de tout commentaire. Nicola Sturgeon avait démissionné brutalement, en février, invoquant son envie de faire autre chose que de la politique. Ses critiques soupçonnent désormais qu’elle redoutait d’être rattrapée par l’enquête de police – elle s’en défend. Les déboires de l’ancienne première ministre éclaboussent en tout cas l’image du SNP qui mettait volontiers en avant une réputation de probité pour mieux dénoncer les supposées turpitudes du Parti conservateur britannique.
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