La rumeur enflait depuis des jours. Donald Trump l’a confirmée sur son réseau Truth Social, jeudi 8 juin. L’ancien président américain devrait comparaître devant un tribunal fédéral de Miami (Floride) le 13 juin, en vue d’être formellement inculpé dans l’affaire des documents classifiés retrouvés dans sa résidence de Mar-a-Lago. Il s’agit d’une masse imposante de notes officielles (près de trois cents) rédigées par plusieurs services de l’Etat, de divers degrés de confidentialité, que Donald Trump avait emportées au moment de son départ de la Maison Blanche, en janvier 2021.
L’ex-président serait inculpé pour sept chefs d’accusation, comme l’a confirmé l’un de ses avocats, Jim Trusty. Selon le New York Times, il serait accusé d’avoir sciemment conservé des documents top secret relevant de la défense nationale, en violation de l’Espionage Act – un crime passible de dix ans de prison –, mais aussi de faux témoignage et de conspiration en vue de faire obstruction à la justice, ce qui suppose d’autres participants. Ces précisions juridiques, cruciales pour comprendre la stratégie adoptée par le procureur spécial Jack Smith, ne seront probablement confirmées que mardi.
D’ores et déjà, il s’agit d’un choc sismique frappant le favori des primaires républicaines, qui, lorsqu’il était à la Maison Blanche, a survécu à deux procédures de destitution au Congrès. Jamais encore un ancien président américain n’avait été inculpé par la justice fédérale, qui assume de passer ainsi un test de crédibilité et de résistance exceptionnel.
Cette affaire est d’une amplitude bien supérieure à la première mise en accusation au pénal décidée contre Donald Trump à New York, le 4 avril, par le procureur Alvin Bragg, pour avoir falsifié à trente-quatre reprises les documents comptables de son groupe. A l’approche de l’élection présidentielle de 2016, l’entrepreneur avait acheté le silence de plusieurs personnes, dont l’actrice de films X Stormy Daniels, pour empêcher des révélations embarrassantes.
Le 9 mai, toujours à New York, Donald Trump est aussi entré dans l’histoire présidentielle par une porte honteuse. Il a été reconnu responsable au civil d’une agression sexuelle et il a été condamné à verser 5 millions de dollars (4,56 millions d’euros) à sa victime, la chroniqueuse E. Jean Carroll ; cette dernière l’accusait de l’avoir violée il y a plus de vingt-cinq ans dans un grand magasin.
Inaltérable popularité de Trump auprès de sa base électorale
Mais ces deux affaires, concernant les rapports toxiques entre l’ancien magnat de l’immobilier et les femmes, n’ont pas entamé sa popularité au sein de sa base fervente, le monde MAGA (Make America Great Again). Largement en tête dans les sondages pour les primaires républicaines, Donald Trump continue d’alimenter l’idée d’une conspiration contre lui, fomentée par un supposé Etat profond et des magistrats au service des démocrates. « Je suis un homme innocent, je n’ai rien fait de mal », a-t-il répété, comme à chaque fois, dans une vidéo diffusée jeudi soir.
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