Les travaux de la commission d’enquête parlementaire sur les « raisons de la perte de souveraineté et d’indépendance énergétique de la France » avaient mal débuté. La résolution signée par Olivier Marleix et les députés Les Républicains (LR), en octobre 2022, s’était inscrite dans une logique très politique, presque de règlement de comptes. « Le naufrage de la politique énergétique du président de la République est total », avaient écrit les députés de droite, en réclamant la création de la commission d’enquête.
« Le président demande dorénavant aux Français d’attraper froid en hiver et de se serrer la ceinture afin de pallier ses seules erreurs de jugement », ajoutaient-ils, avec un sens très relatif de la nuance. Tout en reconnaissant que la demande d’enquête était légitime, le rapporteur, Antoine Armand (Renaissance), avait répondu avec des mots sévères : « Il est singulier que la proposition de résolution désigne d’ores et déjà des responsabilités que la commission d’enquête a précisément pour objet de clarifier. »
Toutefois, après ce démarrage tumultueux, la commission a progressivement trouvé ses marques, conduite par deux jeunes et ambitieux députés, Raphaël Schellenberger, 33 ans, président LR de la commission, député du Haut-Rhin, une circonscription où se trouve la centrale nucléaire de Fessenheim, mise à l’arrêt en 2020, et, donc, Antoine Armand, 31 ans, député de Haute-Savoie, diplômé de Normale-Sup et de l’ENA, inspecteur général des finances.
« La gravité des circonstances [à l’automne 2022] a aidé à ce que le travail parlementaire soit au niveau », relève M. Schellenberger, qui figure par ailleurs parmi les députés LR ayant voté la motion de censure contre le gouvernement d’Elisabeth Borne. « Très vite, les membres ont posé des questions, et non plus des interpellations, et on a pu avancer alors que, au même moment, il y avait des scènes surréalistes à l’Assemblée, en séance [sur la réforme des retraites], avec des insultes, de l’obstruction », ajoute M. Armand.
« Une sorte de “Pravda” d’EDF »
La commission a procédé à 89 auditions, dont, fait rare, deux anciens présidents de la République, Nicolas Sarkozy et François Hollande, invités et non convoqués, en vertu du principe de séparation des pouvoirs. « Un travail très sérieux », reconnaît Sébastien Jumel, député Parti communiste français (PCF) de Seine-Maritime, lequel se désigne comme « député de Penly », petit village en bord de mer qui accueille deux réacteurs nucléaires depuis les années 1990 et devrait héberger deux EPR supplémentaires à l’avenir.
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