Annoncée depuis des semaines par les autorités ukrainiennes, la prochaine offensive des troupes de Kiev, attendue ce printemps, entre dans une phase de préparation active. Lundi 27 mars, le ministre de la défense ukrainien, Oleksii Reznikov, a annoncé l’arrivée en Ukraine des premiers blindés lourds promis cet hiver par les Occidentaux : des chars britanniques Challenger 2, des véhicules de combat d’infanterie allemands Marder, des transports de troupes américains Stryker… « Les meilleurs véhicules pour les meilleurs soldats. En avant ! », vante le ministère dans un message publié sur Twitter, accompagné d’une photo présentant cinq de ces blindés.
Coïncidence ou opération de communication concertée, « dix-huit [chars] Leopard 2, ainsi que des munitions et des pièces de rechange, sont arrivés aujourd’hui en Ukraine », a annoncé, le même jour sur Twitter, le ministre de la défense allemand, Boris Pistorius. « Promis – livré », a ajouté le dirigeant social-démocrate, alors que l’Allemagne est accusée par certains de ses partenaires, dont la France, de promettre beaucoup de matériel à l’Ukraine mais de lui en fournir peu. Le Portugal a également révélé, lundi, avoir livré trois chars Leopard 2 aux troupes de Kiev. Six autres exemplaires sont attendus en provenance d’Espagne dans les prochaines semaines.
Dans un entretien publié mardi par Le Figaro, le ministre des armées français, Sébastien Lecornu, affirme de son côté que Paris va « livrer des équipements terrestres nécessaires à la contre-offensive de l’Ukraine : nous doublons ainsi la livraison d’obus de 155 mm pour la porter à 2 000 par mois à partir de cette fin mars ». De premiers exemplaires de chars « légers » AMX-10 RC, promis début janvier par la France, sont également arrivés en Ukraine, assure le ministre, qui ne veut pas préciser leur nombre. Selon nos informations, d’autres devraient suivre dans les prochaines semaines, tout comme de nouveaux véhicules de l’avant blindés (VAB), dont plusieurs dizaines d’exemplaires ont déjà été fournis en 2022 aux forces armées de Kiev.
Formation au pas de charge
Selon les experts militaires, ces matériels doivent permettre aux Ukrainiens de constituer de nouvelles brigades mécanisées, indispensables à des manœuvres d’envergure. « Depuis plusieurs mois, les Russes fortifient leurs positions défensives. Les prendre d’assaut sera plus compliqué que lors des contre-offensives menées l’an dernier par les Ukrainiens dans les régions de Kharkiv et de Kherson, notamment parce que les forces russes sont parvenues à rétablir un semblant d’équilibre numérique vis-à-vis des forces ukrainiennes », estime Léo Péria-Peigné, chercheur à l’Institut français des relations internationales, qui pointe un besoin ukrainien de véhicules antimines et de transports de troupes. Pour rappel, la contre-offensive lancée en septembre 2022 dans le nord-est du pays avait mobilisé une douzaine de brigades ukrainiennes, soit quelque 30 000 hommes, dont la moitié aguerris aux manœuvres mécanisées.
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