Thème essentiel de la campagne présidentielle d’Emmanuel Macron, contestée dans la rue, discutée dans les repas de famille, défendue par certains, vilipendée par d’autres… La réforme des retraites occupe l’attention des politiques et du grand public depuis des mois.
Mercredi 15 mars, le texte final va maintenant se dessiner loin des yeux, dans un cénacle parlementaire, le huis clos de la commission mixte paritaire (CMP). A partir de 9 heures, sept députés et sept sénateurs vont tenter d’arriver à un accord, une version « conclusive » qui pourrait alors être votée par le Sénat puis par l’Assemblée nationale, jeudi 16 mars.
Après plusieurs jours d’intenses tractations entre l’exécutif, sa majorité relative à l’Assemblée nationale et les dirigeants du parti Les Républicains (LR) – les voix de ses députés sont indispensables pour faire adopter la réforme au Palais-Bourbon –, des points d’achoppement demeurent. Disposant de cinq voix au sein de la CMP, comme la coalition présidentielle, les parlementaires de la droite et de l’Union centriste (UC) vont tenter de conserver les mesures votées au Sénat tels que le « CDI seniors » ou une surcote pour les pensions des mères de famille. Le président du groupe LR à l’Assemblée nationale, Olivier Marleix, remettra sur la table, lui, le sujet des carrières longues.
Malgré leurs divisions, les élus de droite se savent en position de force face à une première ministre au pied du mur. Elisabeth Borne s’est laissée aller à une anaphore, mardi, en forme de profession de foi, tournée vers la droite de l’hémicycle : « Une majorité existe. » Semblant écarter le recours à l’article 49.3 de la Constitution, qui permet d’adopter un texte sans vote, elle a assuré aux députés qu’ils pourraient bien s’« exprimer sur la réforme des retraites » et qu’un vote positif ne signifiait « pas un soutien au gouvernement mais seulement [un soutien à la réforme] ».
Même si l’incertitude persiste sur l’issue du scrutin, la coalition présidentielle privilégie également le vote, estimant qu’un onzième 49.3 dans cette législature pourrait être encore plus dévastateur qu’un rejet du texte jeudi par l’Assemblée nationale. « Le risque démocratique me semble plus gros si on ne va pas au vote, analyse Jean-Paul Mattei, président du groupe MoDem. Il faut accepter d’y aller et de manière très apaisée. »
« C’est tendu à tous les étages »
De manière apaisée ? Comme à chaque étape cruciale de cette réforme, la tension a rejailli. Réduite à un rôle de spectatrice, la gauche a réclamé, lundi, que les débats de la CMP soient rendus publics avant que la présidente (Renaissance) de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, ne repousse la requête.
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