Ceci n’est pas une pipe. La solution trouvée par les pouvoirs publics américains pour éviter une panique financière après la faillite de la Silicon Valley Bank (SVB) est digne de Magritte : pas de renflouement par le contribuable, mais tous les clients de la banque verront leurs dépôts garantis, y compris au-delà de la limite de 250 000 dollars (235 000 euros).
Surtout, la Réserve fédérale (Fed), la banque centrale américaine, va mettre en place une ligne de crédit de 25 milliards de dollars pour permettre de financer les établissements qui pourraient faire l’objet d’une panique bancaire. « La Fed mettra à disposition des fonds supplémentaires pour permettre aux banques de répondre aux besoins de tous leurs déposants, expliquait l’institution dans un communiqué, dimanche 12 mars. Cette action renforcera la capacité du système bancaire à protéger les dépôts et à assurer la fourniture continue d’argent et de crédits à l’économie. »
Illustrant ce propos, les autorités vont permettre l’accès à tous les dépôts d’un autre établissement, new-yorkais celui-ci, et spécialisé dans les cryptomonnaies, Signature Bank, 21e banque du pays, qui a été fermé d’office dimanche par le régulateur, à la surprise générale. Le président des Etats-Unis, Joe Biden, devait s’exprimer lundi matin pour rassurer ses concitoyens sur le système financier du pays, après la faillite des deux établissements. « Je ferai des remarques sur la manière dont nous maintiendrons un système bancaire résilient pour protéger notre reprise économique historique », a-t-il déclaré dimanche soir dans un communiqué de la Maison Blanche.
Tout a commencé par la faillite, vendredi 10 mars, de la banque californienne SVB, spécialisée dans le capital-risque. La seizième banque nationale avait imprudemment placé les liquidités de ses clients en bons du Trésor américain à long terme. Derrière cette apparente bonne gestion, un management irresponsable qui ignorait le risque de taux et de durée.
En effet, cette politique a été menée en pleine pandémie de Covid-19, quand le loyer de l’argent était nul. Lorsque la Fed a remonté ses taux, à partir de mars 2022, le piège s’est refermé : la valeur des bons du Trésor a baissé brutalement, d’environ 15 % (lorsque les taux montent, la valeur d’une obligation baisse jusqu’à ce que son rendement devienne l’équivalent du nouveau taux de marché).
Dans le même temps, les clients de la banque ont retiré leurs fonds, soit qu’ils en aient eu besoin en période de disette capitalistique pour la tech, soit qu’ils aient trouvé des placements plus rémunérateurs. Résultat, la banque, incapable de faire face à ses obligations, a liquidé son portefeuille de bons du Trésor, essuyant une perte de 1,8 milliard de dollars. Elle a provoqué la panique de ses clients, ce qui a rendu impossible l’augmentation de capital de 2,2 milliards qui devait la sauver, et a été fermée administrativement vendredi par les autorités fédérales.
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