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Interdiction de la corrida: la grande réticence des députés

Sur les bancs de la Nupes, le 12 juillet. Amaury Cornu/Amaury Cornu / Hans Lucas via Re

Le texte du député LFI antispéciste Aymeric Caron divise dans tous les camps. Il a peu de chances d’être adopté.

C’est le propre de tout sujet inflammable: il y a les pour et les contre, les discussions se tendent, rythmées par les arguments des uns contre ceux des autres. Avec sa proposition de loi (PPL) visant à abolir la corrida sur tout le territoire français, le député LFI Aymeric Caron a réussi un premier pari: installer le sujet dans le débat public.

Selon un sondage de l’Ifop publié le week-end dernier dans le JDD, 74 % des Français seraient même d’accord avec lui, se déclarant favorables à l’interdiction de cette pratique. Mais tout reste à faire pour l’élu parisien, qui doit désormais veiller à ce que la question ne retombe pas comme un soufflé.

«Pro» et «anti»

Le texte, qui doit être examiné ce jeudi lors de la niche parlementaire de La France insoumise, divise depuis plusieurs semaines presque tous les partis politiques. De la Nupes à Renaissance en passant par le Rassemblement national: chaque camp a ses «pro» et ses «anti», ses indécis et même ceux - nombreux - qui ne souhaitent pas prendre position. Une majorité de groupes parlementaires ont d’ailleurs décidé de laisser une liberté totale de vote à leurs troupes sur ce sujet.

Mais il n’est pas certain que les parlementaires aient à faire un choix, car la mesure défendue par Aymeric Caron pourrait bien ne même pas être votée. La raison? Son texte ne figure qu’en quatrième position des propositions de loi à examiner par les parlementaires lors de la niche LFI. Et les sujets précédents la PPL Caron ont fait l’objet de centaines d’amendements des élus de la Chambre basse. L’antispéciste court donc le risque de manquer de temps pour défendre sa proposition. Car une niche parlementaire, qui donne la possibilité à un groupe de définir l’ordre du jour de l’Assemblée pendant une journée entière, se termine à minuit, pas une minute de plus ou de moins.

Et, si le texte de Caron sera très probablement discuté, le vote final pourrait bien ne jamais avoir lieu. En tout, 567 amendements ont été déposés sur sa proposition de loi - dont un nombre conséquent par des députés LR et RN. De «l’obstruction antidémocratique», a dénoncé mardi la députée insoumise Mathilde Panot. Ce, tandis que le groupe LFI ne s’est guère privé d’adopter la même méthode pour bloquer ou ralentir les projets de loi du camp présidentiel. «C’est dangereux», a insisté la députée, ajoutant que la manœuvre visait à «empêcher tout débat sur des questions majeures».

Un climat électrique

Mais, si les parlementaires parviennent à voter cette PPL, rien ne dit qu’elle sera adoptée. Pourtant, il y a encore quelques semaines, alors que le sujet arrivait sur la table du Parlement, le jeu semblait plutôt propice aux partisans de l’abolition. La présidente du groupe Renaissance, Aurore Bergé, s’était dite «favorable» à une interdiction de la corrida. L’optimisme était donc de mise dans le camp des pour. «Ça sera voté à une large majorité sans l’ombre d’un doute», prévoyait d’ailleurs à l’époque un cadre Renaissance.

Mais la donne a changé ces derniers jours et les chances de voir ce texte adopté sont de plus en plus maigres. La semaine dernière, le gouvernement a tranché, annonçant qu’il s’opposerait à la proposition de loi. Une décision confortée par son rejet en commission par une majorité des parlementaires, dans un climat électrique. «Caron a été détestable. Il a répondu avec une telle condescendance, un tel mépris, qu’il en a dégoûté les derniers indécis», tance la députée Renaissance Anne-Laurence Petel, pourtant favorable à l’abolition.

En marge d’un déplacement au salon de l’Association des maires de France, mercredi, le chef de l’État, s’est positionné sur le sujet. «Il ne va pas y avoir l’interdiction. On doit aller vers une conciliation, un échange. De là où je me situe, ça n’est pas la priorité du moment», a déclaré Emmanuel Macron. L’Assemblée lui donnera-t-elle raison?

À VOIR AUSSI - Corrida: Pour ou contre l’interdiction?

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218 commentaires
  • olivier champagne

    le

    Tous ces (ex) de la télé qui se croient supérieurs aux autres avec leurs vrais faux bons sentiments. M Caron, je ne suis pas un défenseur de la corrida mais si votre combat c'est ça, alors intéressez vous davantage aux humains, vous aurez (peut-être) déjà un peu progressé et soyez un peu moins imbus de votre personne.

  • Salluste10

    le

    Comme s'il n'y avait pas de problème plus urgent à régler!

  • ML004

    le

    Caron est marron.
    Il n'est pas un conquistador, mais un vaincu dans les ors de la république, fille publique si facile avec les olibrius hurluberlus et" m'a- tu vu" de son genre.
    Caron-Charon, va se noyer dans l'Achéron de son amère défaite, sans mouchoir, sans oreille, et sans queue.
    Ollé !

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