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Thomas Steffen pour « Le Monde », d’après Collection personnelle de Mark MacGann /« The Guardian »

« Uber Files » : en 2017, une forte proximité idéologique entre Uber et la campagne présidentielle d’Emmanuel Macron

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Publié le 12 juillet 2022 à 05h40, modifié le 03 novembre 2022 à 18h05

Temps de Lecture 4 min. Read in English

Mark MacGann a appris à bien connaître Emmanuel Macron. Pendant deux ans, le lobbyiste en chef d’Uber en Europe a multiplié les rendez-vous, appels et échanges de SMS avec le ministre de l’économie. Malgré quelques déceptions, il est resté sur sa première impression : Emmanuel Macron est un homme talentueux, charismatique, qui tente de faire évoluer la France dans la bonne direction. Début 2016, en marge du forum de Davos, il lui envoie un message pour lui demander s’il a besoin d’aide pour lancer sa campagne présidentielle – la rumeur d’une candidature est omniprésente, même si Emmanuel Macron ne se déclarera officiellement qu’en novembre.

Lorsqu’il propose à Emmanuel Macron de l’aider pour sa campagne, Mark MacGann n’est plus salarié à temps plein d’Uber. Il a quitté l’entreprise, dans des conditions qui deviendront par la suite conflictuelles, en raison de désaccords sur les conditions financières de son départ. Mais il demeure « conseiller senior du conseil d’administration » d’Uber, jusqu’en août. Malgré ce possible conflit d’intérêts, Emmanuel Macron accepte l’offre de services, et redirige M. MacGann vers les principaux responsables du projet, encore confidentiel, de création de La République en marche. Celui qui était encore, quelques semaines plus tôt, le lobbyiste rémunéré d’une entreprise controversée et installée au cœur de l’actualité, devient ainsi un militant du futur parti présidentiel.

Mark MacGann, le lobbyiste d’Uber, dit avoir rejoint le parti macroniste par pure conviction politique

Au cours des mois suivants, M. MacGann participera à la campagne d’Emmanuel Macron, notamment en organisant des dîners destinés à récolter des fonds, à Paris comme dans la Silicon Valley. Les invités de ces rencontres, entrepreneurs et investisseurs de la tech qui figurent dans son carnet d’adresses, sont incités à contribuer à la campagne de M. Macron à la hauteur du plafond légal, 7 500 euros par an – et peuvent se montrer réceptifs à certaines mesures fiscales du programme d’Emmanuel Macron, comme la suppression de l’ISF. M. MacGann dit avoir rejoint le parti par pure conviction politique, ce que confirment plusieurs échanges de l’époque que Le Monde a pu consulter, dans lesquels il détaille son enthousiasme pour le programme économique et sociétal du futur président de la République.

« Uber Files », une enquête internationale

« Uber Files » est une enquête reposant sur des milliers de documents internes à Uber adressés par une source anonyme au quotidien britannique The Guardian, et transmis au Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) et à 42 médias partenaires, dont Le Monde.

Courriels, présentations, comptes rendus de réunion… Ces 124 000 documents, datés de 2013 à 2017, offrent une plongée rare dans les arcanes d’une start-up qui cherchait alors à s’implanter dans les métropoles du monde entier malgré un contexte réglementaire défavorable. Ils détaillent la manière dont Uber a utilisé, en France comme ailleurs, toutes les ficelles du lobbying pour tenter de faire évoluer la loi à son avantage.

Les « Uber Files » révèlent aussi comment le groupe californien, déterminé à s’imposer par le fait accompli et, au besoin, en opérant dans l’illégalité, a mis en œuvre des pratiques jouant volontairement avec les limites de la loi, ou pouvant s’apparenter à de l’obstruction judiciaire face aux enquêtes dont il faisait l’objet.

Retrouvez tous nos articles de l’enquête « Uber Files »

Mélange des genres

Les documents des « Uber Files » ne suggèrent l’existence d’aucune irrégularité dans le financement ou l’organisation de la campagne d’Emmanuel Macron. Entre Uber et En marche !, la porosité est avant tout idéologique : comme Emmanuel Macron l’a dit à de nombreuses reprises, son projet politique est très compatible avec le modèle proposé par l’entreprise, alliant dérégulation des secteurs protégés, libéralisation du salariat et flexibilité accrue.

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