C’est une défaite tactique pour la Russie dans la zone stratégiquement la plus importante du conflit avec l’Ukraine. Moscou a été contraint, jeudi 30 juin au matin, de retirer ses forces de l’île des Serpents après une série de bombardements ukrainiens de plus en plus précis.
Située à 35 km au large des côtes ukrainiennes, au niveau du delta du Danube et proche de la frontière roumaine, l’île des Serpents permettait aux forces russes, depuis quatre mois, de poser un verrou sur la circulation maritime depuis et vers les ports ukrainiens. Le dispositif russe consistait en une station radar couplée à plusieurs systèmes antiaériens et antinavires interdisant la navigation maritime comme aérienne dans une zone d’environ 100 km autour de l’îlot. Jusqu’en avril, des commandos d’infanterie marine russe auraient également utilisé l’île des Serpents comme base avancée en vue d’un débarquement dans la région d’Odessa, scénario qui ne s’est pas réalisé.
Le commandant en chef des forces armées ukrainiennes, Valeri Zaloujny, s’est réjoui de la défaite infligée à l’envahisseur russe sur sa page Facebook. « Incapables de résister au feu de notre artillerie, de nos missiles et de nos frappes aériennes, les occupants ont quitté l’île des Serpents », écrit le général. Offrant quelques détails sur l’arsenal déployé, il indique remercier « les concepteurs et fabricants de l’obusier automoteur ukrainien Bohdan, qui a joué un rôle important dans la libération de l’île. Merci aux partenaires étrangers pour les moyens de destruction fournis », a-t-il déclaré, sans préciser à quelles armes étrangères il faisait allusion. Des sources ukrainiennes et russes suggèrent qu’un obusier automoteur Caesar, dont douze exemplaires ont été livrés par la France, aurait pris part à l’opération.
Une série noire pour Moscou
Le général Zaloujny précise aussi que des frappes ont été menées par des missiles et des avions. Le drone de fabrication turque Bayraktar TB2 a été utilisé pour corriger les tirs d’artillerie. Les deux types d’obusiers, Bohdan et Caesar, ont une portée d’environ 40 km, voire jusqu’à 60 km avec des obus autopropulsés du type Excalibur. L’un comme l’autre n’ont été que tout récemment intégrés à l’arsenal ukrainien et ont permis de soumettre les positions russes à un feu à la fois nourri et précis, ce que son artillerie de conception soviétique ne lui permettait pas jusqu’ici, faute de portée suffisante.
La vulnérabilité et la position stratégique ont fait de l’îlot une cible de choix dès le premier jour de l’offensive. Le 24 février, deux bâtiments russes, dont le croiseur lance-missile Moskva, qui menaçaient la garnison ukrainienne de l’île des Serpents, s’étaient vu répondre par un soldat sur place : « Navire de guerre russe, va te faire foutre ». Une formule aux airs de défi devenue le cri de ralliement de la résistance ukrainienne. De retour en avril alors qu’il venait en renfort, au large de l’îlot, le croiseur Moskva a été coulé par deux missiles ukrainiens, dans le pire camouflet essuyé par la marine russe depuis la seconde guerre mondiale.
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