Inflation des prix à la pompe, des nuitées touristiques, mais aussi… des vacanciers dans les stations balnéaires, du Boulonnais (Pas-de-Calais) à Arcachon (Gironde) : le week-end de Pâques a abouti sur des constats en apparence paradoxaux. Un reflet à la fois des envies de vacances des Français et de la discrimination économique que sous-tend cette forme de loisirs.
Le week-end pascal dans son grand camping de Dordogne, Gé Kusters le décrit d’abord comme « excellent » puis, à la réflexion, comme « phénoménal ». « On a fait une soirée musicale, la cour était pleine. On se serait cru en plein été ! » La clientèle a été souvent française, voire ultralocale, pour cette longue pause, qui coïncidait avec les vacances de la quasi-totalité du pays, hormis la zone C (Ile-de-France et Occitanie).
En ce début de saison, peu propice pour les campings, Le Paradis casse les prix – moins de 500 euros la semaine pour un cottage familial, malgré les cinq étoiles – et accueille toute la France motorisée. « Une Clio de 1998 côtoie le SUV électrique de Mercedes », remarque M. Kusters. Voit-il, sur le parking ou dans ses tableaux de réservation, un quelconque impact de l’inflation ou des bouleversements géopolitiques ? Pas le moins du monde, répond-il.
L’élection présidentielle, l’incertitude prévalant au niveau international et les craintes liées au pouvoir d’achat devraient en théorie peser sur la consommation de loisirs. Jusque-là, cependant, rien ne l’indique pour ces premières vacances scolaires après l’abandon du passe sanitaire. L’épargne accumulée durant la crise due au Covid-19 surmonte l’inflation, qui, dans le tourisme, s’installe à pas de loup.
« La crise est très différenciée suivant les ménages »
Pour la période des congés de printemps, du 8 avril au 9 mai, la SCNF a écoulé 7,2 millions de billets longue distance, une augmentation de 3 % par rapport à l’avant-crise, en 2019. Le taux d’occupation des Gîtes de France (43 %) dépasse nettement le record enregistré pour des vacances de printemps (Bretagne, Normandie et Pays de la Loire font la course en tête). Et ce, avant les réservations de dernière minute, accélérées par une météo favorable. Les niveaux de réservation pour l’été sont également en avance. Logis Hôtels s’en félicite, qui prévoit des chiffres d’affaires en hausse, notamment auprès des clients français.
Autant de chiffres qui rappellent que les ménages souffrant de l’inflation ne sont pas ceux qui s’autorisent des séjours prolongés dans les hébergements payants, pratique qui concerne un gros tiers des foyers français. C’est encore plus vrai pour les vacanciers à l’étranger, malgré la légère remontée du coût de l’avion. « Pour les clients qui voyagent à l’étranger, les questions de pouvoir d’achat ne se posent quasiment pas », résume Jean-Pierre Mas, président des Entreprises du Voyage, qui constate des réservations revenues à 90 % du niveau de 2019.
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