A quatre jours du second tour de l’élection présidentielle, dimanche 24 avril, Emmanuel Macron fait toujours figure de favori. L’écart qui le sépare de Marine Le Pen, la candidate d’extrême droite, s’accroît (56 % contre 44 % des intentions de vote, soit une progression de 2 points en quinze jours), et la sûreté du vote en sa faveur est très forte : 93 % (89 % en ce qui concerne Marine Le Pen).
Pour autant, il convient de rester prudent. Plusieurs difficultés s’annoncent, en effet, pour le président sortant. Tout d’abord, l’extrême droite n’a jamais été aussi forte. Ses trois candidats (Marine Le Pen, Eric Zemmour et Nicolas Dupont-Aignan) ont rassemblé plus de 32 % des voix au premier tour. La candidate du Rassemblement national (RN) n’a jamais été testée aussi haut quelques jours avant le second tour. Il y a cinq ans, M. Macron l’affrontait déjà ; elle était alors créditée de 41 % d’intentions de vote. Au final, et après un débat catastrophique, Marine Le Pen récoltera 33,9 % des suffrages.
Autre risque pour le président sortant : être réélu « faute de mieux », et gagner parce que les électeurs se mobilisent contre Mme Le Pen, sans adhérer pour autant au projet macroniste.
Ce sont là les principaux enseignements de la dixième vague de l’enquête électorale réalisée par Ipsos-Sopra Steria, en partenariat avec le Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof) et la Fondation Jean Jaurès pour Le Monde.
La force de notre panel est son amplitude, puisque l’échantillon utilisé est de 12 706 personnes. Les intentions de vote sont calculées à partir des sondés « certains d’aller voter ayant exprimé une intention de vote », soit 7 563 personnes. Résultat : la marge d’erreur est très faible (plus ou moins 1,1 point). L’enquête a été réalisée du 15 au 18 avril, c’est-à-dire avant le débat de l’entre-deux-tours du 20 avril.
Les signaux de Macron aux électeurs de gauche
Depuis le premier tour, une nouvelle campagne a commencé pour le chef de l’Etat. Sur la forme : alors qu’il apparaissait distant, il multiplie désormais les déplacements, va à la rencontre des Français dans des zones qui ne lui sont pas favorables, notamment les bastions lepénistes du Pas-de-Calais ou mélenchonistes de Marseille.
Sur le fond : il a envoyé plusieurs signaux vers les électeurs de gauche et écologistes. Lors de son discours à Marseille, le 16 avril, il a parlé, comme Jean-Luc Mélenchon, de « planification écologique » et même « d’avenir en commun », le nom du programme de l’« insoumis ». Il s’agit de donner des gages à un électorat de gauche déçu par son premier quinquennat et très remonté contre lui.
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