Dix-neuf jours après le début de l’invasion russe de l’Ukraine, la ville portuaire de Marioupol, isolée, subit l’un des pires sièges de ces dernières décennies. Plus de 2 180 habitants ont déjà été tués dans cette cité du sud-est de l’Ukraine, a annoncé la mairie dimanche 13 mars. « Les occupants frappent cyniquement et délibérément des bâtiments résidentiels, des zones densément peuplées, détruisent des hôpitaux pour enfants et des infrastructures urbaines, a-t-elle dénoncé. En vingt-quatre heures, nous avons essuyé vingt-deux bombardements. Environ cent bombes ont déjà été larguées sur Marioupol » depuis le début de la guerre, le 24 février.
Faute d’un accord humanitaire urgent, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a mis en garde, dimanche, contre un « scénario du pire ». « L’histoire jugera avec horreur ce qui est en train de se passer dans cette ville si aucun accord n’est trouvé le plus vite possible entre les parties. » Marioupol est une ville stratégique en raison de sa proximité avec la Crimée, annexée par Moscou en 2014, et le Donbass (est), où combattent les séparatistes prorusses.
Plusieurs tentatives pour acheminer de l’aide humanitaire ont échoué jusqu’ici. Un nouveau convoi, accompagné par des prêtres orthodoxes avec cent tonnes de nourriture, d’eau et de médicaments, est en route, a annoncé dimanche le président ukrainien, Volodymyr Zelensky. Pris au piège, les habitants tentent de survivre comme ils le peuvent, malgré le froid, la faim, la soif, le manque d’électricité, la rupture des communications et les bombardements incessants.
« Dans la ville, personne ne croit qu’ils vont survivre. »
Oleksandr, 35 ans, est originaire de Marioupol. Aujourd’hui installé dans l’ouest de l’Ukraine, il arrive parfois à joindre ses parents, de 58 et 63 ans, bloqués dans la ville. Ce père de famille ukrainien, qui préfère garder l’anonymat pour des raisons de sécurité, a confié son témoignage par téléphone au Monde.
« Par miracle, je parviens parfois à joindre mes parents, peut-être parce qu’ils ont un vieux téléphone. Ce qu’ils me disent est ahurissant. Maman raconte, en larmes, qu’elle fait cuire les restes de nourriture sur le feu dans la rue entre les bombardements. Mais c’est extrêmement rare, parce qu’ils sont constamment bombardés. Les réserves d’eau sont presque épuisées. Les gens meurent de faim, de soif. Il fait – 8 °Cdehors maintenant, et la température maximale dans les appartements est de 10 °C. Les gens survivent depuis douze jours, et personne ne promet de les libérer. Dans la ville, personne ne croit qu’ils vont survivre.
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