Il n’est pas encore entré en campagne mais, pour l’opposition, c’est tout comme. Alors qu’Emmanuel Macron doit faire des annonces en matière d’investissement dans l’énergie nucléaire jeudi 10 février, dans l’après-midi, à l’occasion d’un déplacement à Belfort, sa politique énergétique est sous le feu des critiques de ses concurrents à l’élection présidentielle d’avril prochain. Yannick Jadot dénonce « l’électoralisme » de M. Macron sur le dossier nucléaire tandis que Valérie Pécresse condamne son inconstance sur le sujet et que Marine Le Pen critique la hausse des prix de l’électricité.
Ce déplacement du chef de l’Etat est attendu depuis la fin d’octobre et la présentation du plan d’investissement France 2030. Il intervient dans un moment particulièrement charnière pour la filière énergétique française, alors que la hausse des prix de l’énergie est un sujet majeur de la campagne. Par ailleurs, Electricité de France (EDF) a annoncé, mardi, la mise à l’arrêt de trois réacteurs nucléaires supplémentaires pour vérifier la présence d’éventuels problèmes de corrosion – cinq sont actuellement en révision. Le déplacement a également lieu à l’approche du rachat des activités nucléaires de General Electric (GE) par EDF.
Yannick Jadot dénonce « l’électoralisme » d’Emmanuel Macron
Ces derniers jours, le candidat écologiste Yannick Jadot a multiplié les attaques contre l’orientation politique du président de la République sur ce volet. C’est un « choix du passé, un choix obsolète et le choix du fiasco », a-t-il déclaré, mercredi, au sujet de la défense du nucléaire par le chef de l’Etat, rappelant le retard de la mise en service de l’EPR de Flamanville et les surcoûts qu’il a engendrés.
Invité sur LCI, M. Jadot a estimé que le rachat par EDF des activités nucléaires de General Electric était de « l’électoralisme » de la part de M. Macron, après que la branche énergie d’Alstom a été vendue à General Electric en 2015, avec le soutien de M. Macron, alors ministre de l’économie. « Emmanuel Macron, juste avant l’élection présidentielle, essaie de corriger l’aberration d’avoir vendu Alstom à General Electric », a fustigé le candidat d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV) avant de critiquer l’« improvisation permanente » du gouvernement.
L’eurodéputé a promis, s’il est élu à la présidence de la République, de « mettre le paquet sur les économies d’énergie, [de] déployer les énergies renouvelables et, au fur et à mesure, [de] progressivement fermer » les centrales nucléaires. « Ça prendra vingt ans, si ça doit prendre vingt-cinq ans, ça prendra vingt-cinq ans », mais « je ne mettrai pas en danger notre économie, je ne mettrai pas en danger les familles » des salariés, a-t-il assuré. Ce dernier prône aussi la renationalisation d’EDF pour « en faire le bras armé de la transition énergétique ».
Des attaques sur le prix de l’énergie et le manque de stratégie
Sur le même thème, Marine Le Pen, la candidate du Rassemblement national (RN), a critiqué le bilan d’Emmanuel Macron en matière de politique énergétique. Favorable au développement du nucléaire et à la baisse de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) sur les carburants, cette dernière a par ailleurs appelé à « sortir » du marché européen de l’électricité.
« C’est lui [le marché européen] qui pose un problème. C’est lui qui oblige à ce que EDF vende à ses concurrents à prix coûtant (…). Il nous empêche de continuer à bénéficier d’une électricité à très bas coût », a-t-elle déploré sur Europe 1.
Pour sa part, Mme Pécresse a publié une nouvelle tribune sur la politique énergétique qu’elle compte mener si elle est élue. La candidate des Républicains considère que le chef de l’Etat sortant a fait passer « symboliquement la France du XXIe au XIXe siècle » en faisant preuve « d’inconséquence et d’aveuglement ». « Il a fermé Fessenheim et refait fonctionner des centrales à charbon. Il a fragilisé un des fleurons de l’économie française, EDF, et un secteur-clé pour la réindustrialisation, celui de l’énergie », déplore-t-elle.
Mme Pécresse défend une relance du nucléaire et réitère ses attaques contre le bouclier tarifaire mis en place par le gouvernement à la fin de 2021, pour contenir la hausse des prix de l’énergie, qu’elle qualifie de « mesure de court terme ». « Il n’évitera pas que le pouvoir d’achat soit impacté après les élections, une fois la réalité des coûts rétablie », lance la présidente de la région Ile-de-France. Elle défend aussi la mise en place d’un « plan de sauvetage d’EDF » .
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