L’entretien par vidéo entre la championne chinoise de tennis Peng Shuai et le président du Comité international olympique (CIO) Thomas Bach, dimanche 21 novembre, ne semble pas avoir convaincu grand monde. Lundi, l’ambassade de France en Chine a même publié, en chinois, sur son compte Weibo, le Twitter chinois, un communiqué exprimant son « inquiétude sur le manque d’information au sujet de la situation de Peng Shuai ». « Nous appelons le gouvernement chinois à mettre en œuvre ses engagements à combattre la violence contre les femmes », précise l’ambassade.
Dans une longue lettre publiée le 2 novembre sur Weibo, Peng Shuai avait accusé Zhang Gaoli, à l’époque numéro sept du régime chinois, de l’avoir violée en 2014. Très rapidement, son témoignage avait été effacé des réseaux sociaux et son compte fermé. Elle-même n’a plus donné signe de vie, au point d’inquiéter le monde du tennis, les chancelleries et même les Nations unies (ONU). Jusqu’à ce week-end où sa réapparition, mise en scène par les médias d’Etat, laisse de nombreuses questions en suspens.
Lundi, l’association Human Rights Watch a accusé le CIO de relayer « la propagande d’Etat chinoise ». L’ONG fait remarquer que le comité n’indique pas comment cet entretien a été réalisé, alors que Peng Shuai était jusqu’alors injoignable.
Le cas de cette sportive est loin d’être isolé. Entre les disparitions suspectes, les confessions forcées ou, au contraire, le silence imposé, la répression imposée par Pékin à l’encontre de ceux qui gênent le régime peut prendre bien des aspects. Peng Shuai est l’arbre qui cache la forêt ou, comme disent les Chinois, la tache qui révèle la panthère.
« Réduire au silence les critiques »
Comme le note Human Rights Watch, « le gouvernement chinois fait disparaître des personnes dont les opinions ou la conduite sont vues comme problématiques, emploie des formes extralégales de détention et des tortures et publie des confessions forcées pour que des cas douteux apparaissent légitimes. Les autorités chinoises ont une longue habitude de réduire au silence les critiques, y compris les avocats des droits humains, les journalistes, les lauréats du prix Nobel de la paix, et des éditeurs de Hongkong comme le libraire suédois Gui Minhai ». L’ONG cite également en exemple d’autres personnalités « comme l’homme d’affaires milliardaire Jack Ma, la star Fan Bingbing et le chef d’Interpol, Meng Hongwei ». « Après avoir fui la Chine ou avoir été libérés, d’autres anciens détenus se sont rétractés et sont revenus sur les déclarations qu’ils avaient été forcés de faire devant les caméras », précise-t-elle.
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