Il est présenté comme la bible du secteur de l’énergie, lue aussi bien par des chefs d’Etat que par des patrons de compagnie pétrolière. Volumineux rapport publié chaque automne par l’Agence internationale de l’énergie (AIE), le « World Energy Outlook » (« WEO ») présente les scénarios de production et de consommation à moyen et à long terme.
L’édition 2021, publiée mercredi 13 octobre – elle précède la 26e conférence mondiale sur le climat (COP26), un rendez-vous crucial qui s’ouvrira le 31 octobre, à Glasgow (Ecosse) – porte un message clair : le développement rapide du solaire, de l’éolien, des véhicules électriques et autres technologies bas carbone est bien en train de faire émerger un nouveau secteur de l’énergie. Mais, au rythme actuel, ces changements ne sont absolument pas suffisants pour espérer atteindre la neutralité carbone en 2050.
« Les progrès en matière d’énergie propre sont encore beaucoup trop lents pour faire baisser durablement les émissions mondiales vers le “net zéro”, ce qui souligne la nécessité d’un signal clair d’ambition et d’action de la part des gouvernements à Glasgow », insiste Fatih Birol, le directeur exécutif de l’AIE, rattachée à l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), porte-voix des principaux pays importateurs.
Trois scénarios
Le « WEO » 2021 explore trois pistes. D’abord, un scénario « zéro émission nette », qui permet de limiter le réchauffement à 1,5 °C d’ici à la fin du siècle, par rapport à l’ère préindustrielle – selon les termes de l’accord de Paris de 2015. Il fait suite à un rapport fort commenté, au mois de mai. Pour la première fois avec autant d’insistance, l’AIE y soulignait la nécessité de cesser dès à présent tout investissement dans de nouvelles installations pétrolières et gazières. L’organisation décrivait également une série de quatre cents jalons pour « transformer totalement » le secteur de l’énergie en moins de trois décennies. Depuis, les organisations de la société civile appelaient à ce que ce « scénario 1,5 °C » soit bien au cœur du rapport de l’AIE.
Pour parvenir à cet objectif, l’institution rappelle l’importance de « pousser » encore davantage l’électrification bas carbone des usages, notamment permise par le « doublement » du photovoltaïque, le déploiement de l’éolien, ainsi que par le recours au nucléaire, qualifié, il y a cinq mois, de « base essentielle pour les transitions ».
Un second scénario du « WEO » 2021 laisse entrevoir ce qui se passera en cas de statu quo par rapport aux politiques mises en œuvre ou en cours de développement. Pour la première fois, il prévoit que la demande de combustibles fossiles ralentisse pour atteindre un plateau dans les années 2030, puis diminue légèrement d’ici à 2050. Au milieu du siècle, les émissions annuelles de gaz à effet de serre seraient toutefois quasiment équivalentes à celles d’aujourd’hui.
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