Plus de cent morts du Covid-19 enregistrés, mardi 31 août, et dans le même temps, plus de 300 000 doses de vaccins données ou vendues à la Norvège, au Bangladesh ou à la Macédoine du Nord, faute de trouver preneurs en Bulgarie… Ces deux faits concomitants résument assez bien le « paradoxe bulgare ». Lanterne rouge européenne de la vaccination avec seulement 16,7 % des près de 7 millions de Bulgares vaccinés, le pays, qui affiche déjà un des pires taux de mortalité due au Covid-19 de toute l’UE, doit désormais affronter une très puissante quatrième vague.
Jeudi 2 septembre, face aux 2 000 contaminations enregistrées chaque jour, le ministre de la santé Stoycho Katsarov a été contraint d’annoncer le retour de mesures restrictives à partir du 7 septembre. En particulier, la fermeture totale des discothèques et à partir de 22 heures pour les bars et restaurants, ainsi que la limitation drastique des événements publics. « La situation est grave, même si elle n’est pas hors de contrôle », a-t-il plaidé alors que le variant Delta représente désormais la quasi-totalité des contaminations dans un pays où certains patients sont morts dans les couloirs des hôpitaux faute de lits suffisants l’hiver dernier.
« La dernière place en termes de vaccination fait de nous les premiers sur le plan de la mortalité », a-t-il rappelé, demandant aux Bulgares de prendre leurs responsabilités. Il n’a toutefois pas repris les suggestions de son chef de la santé publique de rendre la vaccination obligatoire pour les personnels médicaux ou d’introduire une forme de passe sanitaire, sur le modèle français. Deux sujets tabous dans l’espace politique bulgare, dominé par une forme de scepticisme généralisé face à ces injections. « Aucun responsable politique n’a vraiment appelé à se faire vacciner et il n’y a eu aucune véritable campagne de santé publique du ministère de la santé dans ce sens », explique Vessela Tcherneva, directrice du bureau de Sofia du Conseil européen pour les relations internationales (ECFR), un cercle de réflexion.
Manque de confiance
La seule vraie campagne télévisée a été organisée par la Commission européenne. « L’hésitation vaccinale est très répandue en Bulgarie et tous les partis craignent de perdre des voix en soutenant son recours », abonde Maria Sharkova, avocate spécialiste en droit de la santé. Elle pointe un contexte politique local mouvant, avec deux scrutins législatifs depuis le début de l’année qui n’ont pas permis de former un gouvernement, et une troisième campagne électorale législative et présidentielle qui se profile pour cet automne. Arrivé en tête lors du dernier scrutin, le parti antisystème de la star nationale de la chanson, Slavi Trifonov, entretient même des discours antivax, dénonçant le risque de « ségrégation » en cas d’application d’un passe sanitaire.
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