Alors que plus de quarante pays ont désormais suspendu leurs vols en provenance du Royaume-Uni et que le tiers des hôpitaux britanniques soignent aujourd’hui plus de patients du Covid-19 que lors de la première vague de la pandémie, Boris Johnson n’avait qu’une chose en tête en arrivant à sa conférence de presse, lundi 21 décembre : « Je veux faire le point sur la situation à nos frontières et en particulier à Douvres. »
Depuis dimanche soir, pour tenter d’endiguer la propagation du nouveau variant du virus du Covid-19, le trafic des camions entre Douvres et Calais est fermé pour « au moins quarante-huit heures ». D’un coup, c’est tout le Royaume-Uni qui étouffe. Avec le port de Douvres d’un côté et le tunnel sous la Manche de l’autre, ce nœud logistique voit passer 30 % du trafic de marchandises du pays, soit plus de 4 millions de poids lourds par an. Qu’il s’arrête, et l’approvisionnement britannique est à risque, particulièrement en produits frais. L’empressement du premier ministre britannique démontrait l’importance de l’enjeu.
Pour l’instant, la plupart des magasins britanniques sont bien approvisionnés jusqu’à Noël, mais les supermarchés Sainsbury’s évoquent déjà une possible pénurie de laitues, de choux-fleurs, de brocolis et de citrons d’ici quelques jours si la situation ne se débloque pas.
« Désastre »
En chemin vers Douvres se trouvaient les camions de Loch Fyne, une entreprise écossaise de langoustines et de fruits de mer, qui devaient écouler sa production sur le continent en cette cruciale période de Noël. Impossible de patienter, les produits se détériorent d’heure en heure. « C’est un désastre, des camions remplis de centaines de milliers de livres de produits sont en chemin. Que sommes-nous censés faire ? », s’est énervée l’entreprise sur Twitter.
La fermeture de la frontière française pour les camions en provenance du Royaume-Uni s’est rapidement fait sentir dans le sens inverse. Pour la plupart des entreprises du continent, il n’est pas question d’envoyer leurs marchandises et leurs poids lourds s’il n’est pas possible de les faire revenir. Le nœud logistique de Douvres doit être perçu comme un rond-point : dès qu’une entrée se bloque, tout le système se grippe.
Après l’annonce, samedi, que le nouveau variant du virus serait 70 % plus contagieux, le Royaume-Uni se retrouve isolé. Une quarantaine de pays ont interdit l’arrivée de passagers issus de cette destination. Dans l’Union européenne, certains l’ont annoncé pour quarante-huit heures (Belgique, Danemark, France, Irlande), d’autres pour dix jours (Allemagne, Pays-Bas, Finlande). Mais la France est allée un cran plus loin, refusant à partir de dimanche l’arrivée des camions, craignant que les chauffeurs ne soient porteurs du virus.
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