Vagues de chaleur, transmissions de maladies infectieuses, carences alimentaires : plus aucun pays, riche ou pauvre, n’est à l’abri des conséquences sanitaires d’un changement climatique qui ne cesse de s’aggraver. Si des mesures urgentes ne sont pas prises, la crise climatique pourrait saper les progrès des cinquante dernières années en matière de santé publique, perturbant les vies et les moyens de subsistance de millions de personnes et submergeant les systèmes de santé.
Voilà le constat alarmant du « compte à rebours sur la santé et le changement climatique » du Lancet, revue médicale britannique de référence, publié jeudi 3 décembre. Cette 5e édition dresse le pire panorama depuis le lancement, en 2015, de cette collaboration de 35 institutions, dont l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Organisation météorologique mondiale (OMM). Dans le contexte de la pandémie de Covid-19, les 120 auteurs appellent à profiter du « moment clé » des plans de relance afin d’améliorer la santé publique, de créer une économie durable et de protéger l’environnement.
« La pandémie nous a montré que, lorsque la santé est menacée à l’échelle mondiale, nos économies et nos modes de vie peuvent s’arrêter, rappelle Ian Hamilton, directeur exécutif du Lancet Countdown. Or les menaces pour la santé humaine se multiplient et s’intensifient en raison du changement climatique et, si nous ne changeons pas de cap, nos systèmes de santé risquent d’être débordés à l’avenir. Le monde n’a pas le luxe de faire face à plus d’une crise à la fois. »
La France parmi les plus à risque
Alors que le réchauffement ne cesse de s’accélérer, les personnes de plus de 65 ans ont expérimenté un nombre record de jours d’exposition à des vagues de chaleur dans le monde en 2019. Les décès liés à la chaleur parmi cette population ont augmenté de 54 % lors des deux dernières décennies, pour atteindre près de 300 000 morts en 2018, principalement en Chine, en Inde, en Allemagne et aux Etats-Unis. « Les canicules provoquent des coups de chaud, des insolations et une grosse déshydratation qui peuvent mener à une insuffisance rénale. La chaleur aggrave aussi les maladies cardiovasculaires et respiratoires », explique Hélène Rossinot, médecin spécialiste de santé publique et l’une des autrices du rapport pour la France.
Avec plus de 104 000 morts au total, l’Europe est la plus touchée des régions – telle qu’elle est délimitée par l’OMS, en incluant l’intégralité de la Russie et nombre de pays d’Asie centrale. Cette vulnérabilité aux chaleurs extrêmes est depuis longtemps exacerbée sur le Vieux Continent et en Méditerranée orientale, en raison d’une population plus âgée, d’une prévalence plus forte des maladies cardiovasculaires et d’une importante urbanisation qui génère des îlots de chaleur urbains.
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