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Valery Giscard d'Estaing pendant la campagne presidentielle, mai 1974
Valery Giscard d'Estaing's presidential campaign, France, May 1974
David Burnett / Contact Press Images

Valéry Giscard d’Estaing : le destin facétieux du « président moderne »

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Publié le 03 décembre 2020 à 06h08, modifié le 17 mai 2024 à 11h51

Temps de Lecture 13 min.

« Immortel » depuis le 11 décembre 2003, date de son élection à l’Académie française, Valéry Giscard d’Estaing s’était prémuni de longue date contre l’inéluctable et ultime sortie, finalement survenue mercredi 2 décembre à l’âge de 94 ans ; la seule qu’il savait ne pouvoir entièrement maîtriser. C’est peu dire que la perspective de cet abandon ne convenait guère à cet esprit méthodique et méticuleux, qui avait toujours pris soin de ne rien laisser au hasard. Planifiant ses – nombreuses – réussites, il s’était efforcé de garder la main en toutes circonstances, y compris lorsque le destin et son obscur allié, l’impondérable, osaient contrarier ses analyses.

On se souvient comment « VGE » avait spectaculairement mis en scène son départ de l’Elysée – sa première mort –, le 19 mai 1981 : un long silence de sept secondes avant l’« Au revoir ! », lui quittant la pièce par la porte du fond, puis la chaise vide, une minute, au son de La Marseillaise. « Je ferai en sorte de me tenir à la disposition de mon pays », avait-il déclaré ce soir-là, en espérant que « la Providence veille sur la France » en son absence.

Un quart de siècle plus tard, alors qu’il était revenu au premier plan de la scène européenne, il conjuguait l’exercice retrouvé du pouvoir et la hantise de l’oubli. L’ancien président faisait mine de se résigner : « La postérité ne retiendra rien de moi, nos sociétés sont sans mémoire. Mais je l’accepte sans difficulté », disait-il dans un documentaire de William Karel intitulé VGE, le théâtre du pouvoir (2002). Dans les coulisses, il s’affairait pour arracher au destin une ultime liberté. Celle de dicter sa mémoire.

Toujours aussi soucieux, au soir de sa vie, de se garder de l’imprévu, Giscard surveillait jalousement sa postérité

Le legs giscardien parle pourtant de lui-même. Il suffit pour s’en convaincre de se souvenir de quelques-unes des réformes qui ont jailli d’un début de septennat (1974-1981) mené tambour battant, dans le double objectif de transformer la société française et de construire l’Europe. Mais que vaut un héritage sans mémoire ? Trop brillant pour ne pas douter des capacités de ses contemporains, et toujours aussi soucieux, au soir de sa vie, de se garder de l’imprévu, Giscard surveillait jalousement sa postérité.

Le troisième et dernier tome de ses Mémoires, Le Pouvoir et la Vie, a été publié en octobre 2006 par Compagnie 12, la maison d’édition que dirige sa fille, Valérie-Anne. Le troisième et dernier colloque consacré à son septennat s’était tenu au Sénat, quelques mois plus tôt. Assis au premier rang – au côté de son épouse, Anne-Aymone –, VGE écoutait. Puis livrait sa version des faits en rectifiant, au passage, ce qui ne lui convenait pas.

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