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« Les défenseurs de la caricature à tous les vents sont aveugles sur les conséquences de la mondialisation »

La volonté de nombreux responsables politiques d’« exhiber les caricatures » de Mahomet relève d’une opération démagogique, oubliant qu’une partie immense du monde se sent profondément outragée, mettent en garde Olivier Mongin et Jean-Louis Schlegel, anciens responsables de la revue « Esprit », dans une tribune au « Monde ».

Publié le 03 novembre 2020 à 01h13, modifié le 06 novembre 2020 à 11h33 Temps de Lecture 9 min.

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Tribune. Après l’assassinat abominable d’un professeur de collège, qui ravive le terrible souvenir des morts de Charlie au moment où se tient le procès des complices, les caricatures de la religion, de ses croyances et de ses représentants sont devenues le symbole de la liberté et des valeurs de la République et de la France. Les dessins les plus virulents et les plus osés de Charlie Hebdo sur l’islam, l’Eglise catholique et les protestants évangéliques, plus rarement sur le judaïsme, sont souvent reproduits, et dans presque tous les médias.

Des intellectuels et d’autres personnalités, spécialistes de l’héroïsme de papier, ont réclamé qu’on les exhibe sur tous les murs de France et de Navarre. La présidente de la région Occitanie les a projetées sur les façades des deux hôtels de région : pour que même les dames catéchistes les voient ? Ses collègues des autres régions ont annoncé la réalisation d’un livre de caricatures distribué dans les lycées. Il paraît qu’il y aura aussi des caricatures politiques dans cet effort surhumain de conscientisation : nous voilà sauvés !

Cette mobilisation pour imposer à la vue de tous (au nom de la « liberté républicaine ») des caricatures extrêmes de la religion aura-t-elle vraiment l’effet escompté par Renaud Muselier, président (LR) de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA) : rappeler « le droit fondamental de chacun et chacune de nos concitoyens à vivre en paix et dans la liberté » ? On peut en douter − et douter en tout cas qu’elle arrête le bras de tueurs fanatisés, perdus quelque part en France ou dans le monde, inconnus avant leur crime. Mais en dehors du résultat de cette opération démagogique, il faut s’interroger.

Lors des débats créés par la publication des caricatures, il avait été justement rappelé − par les dessinateurs ou leur avocat − qu’après tout, personne n’était obligé d’acheter Charlie Hebdo chez son marchand de journaux − lequel pouvait certes le mettre en avant, mais de façon limitée, le magazine étant de toute façon confiné dans un lieu précis. En droit, c’est le « contrat de lecture » qui exprime le principe qu’un journal, surtout s’il est satirique, s’adresse à un public particulier et non pas à tout un chacun. Dans un pays libre, on peut imaginer en couverture une caricature du pape en rut et ses ébats avec une princesse, dans la mesure où le croyant, fidèle ou non du pape, ne sera pas obligé de la voir, même si le kiosque devant lequel il passe ne fait rien pour la cacher.

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