Les chefs d’Etat et de gouvernement européens doivent se retrouver, jeudi 15 et vendredi 16 octobre, à Bruxelles. Ils évoqueront le Brexit, alors que les négociations entre Londres et l’Union européenne pour définir leurs relations à partir du 1er janvier 2021 patinent. Les Vingt-Sept parleront également climat et politique étrangère. Et en coulisses, ils ne manqueront pas de discuter du plan de relance. Tour d’horizon avec Clément Beaune, le secrétaire d’Etat aux affaires européennes.
Pensez-vous qu’un accord sur la relation future entre le Royaume-Uni et l’Union européenne est encore possible ?
Ces derniers jours, le gouvernement britannique a dit souhaiter y parvenir. Nous aussi. Mais un accord doit respecter nos conditions, qu’il s’agisse de la pêche, des conditions de concurrence ou de la gouvernance. Sinon, il n’y aura pas d’accord.
Sur la pêche, le négociateur européen Michel Barnier semble moins inflexible que par le passé…
On ne peut pas isoler le sujet de la pêche du reste des négociations. Les Britanniques veulent récupérer leurs eaux, et cela, pensent-ils, leur donne un moyen de pression. Mais ils oublient que, pour tous les autres sujets sur lesquels ils négocient, ils ont beaucoup plus à demander qu’à offrir. La pêche ne doit pas être la variable d’ajustement, il n’y aura pas d’accord global possible sans un bon accord dans ce domaine. Un accord qui offrirait de la visibilité dans le temps aux pêcheurs et leur garantirait un accès aux eaux britanniques. On ne sacrifiera pas leurs intérêts.
Les Britanniques ont sans doute plus à perdre en cas de « no deal », mais l’Europe aussi. Il va bien falloir faire des concessions…
Nous ne pouvons être taxés d’« inflexibles » alors que les Britanniques ne nous ont pas donné de signaux clairs de leur volonté de mouvement pour un accord d’ensemble.
David Frost, le négociateur côté britannique, s’est dit récemment prêt à bouger sur le sujet des aides d’Etat et des conditions de concurrence loyale…
C’est un signal favorable, on attend des preuves. Il ne peut pas y avoir de dumping à nos frontières, c’est une condition de concurrence loyale. Si les Britanniques veulent avoir accès au marché intérieur, il ne faut pas que leurs entreprises puissent être plus aidées que les nôtres et fassent du dumping contre nous.
Le Conseil va déterminer si un accord est encore possible. Soit les chefs d’Etat et de gouvernement estiment que ce n’est pas le cas et on se préparera aux conséquences d’un « no deal ». Soit les Britanniques auront bougé d’ici là, et Michel Barnier aura quelques jours – quelques semaines au plus – pour tenter de finaliser un accord. Cela ne veut pas dire qu’il y arrivera, mais il y aura un chemin.
Il vous reste 68.03% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.