Après avoir mis le pays à l’arrêt au printemps, un mot d’ordre s’est imposé au sommet de l’Etat : il faut tout faire pour éviter un nouveau confinement généralisé. Ce serait « le pire de tout », à en croire les propos tenus par Jean Castex, lors de la rentrée, le 26 août. « Les mesures de restriction, on en connaît l’efficacité, mais aussi les effets secondaires. Le président et le premier ministre veulent à tout prix éviter ce scénario. Car il n’y a pas que le virus qui tue. La pauvreté aussi ! Fermer les Ehpad [établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes], et l’isolement qui en découle, ça peut tuer aussi les anciens », soulignait l’entourage du premier ministre à la mi-septembre.
Un mois plus tard, alors qu’Emmanuel Macron doit s’exprimer, mercredi 14 octobre, sur TF1 et France 2, l’exécutif se réserve pourtant la possibilité « d’aller plus loin ». « Rien ne doit être exclu quand on voit la situation dans nos hôpitaux », a assuré M. Castex, lundi, à propos de possibles confinements localisés. « Il préparait le terrain pour le président », souligne un conseiller, même si, selon une source gouvernementale, l’hypothèse d’un reconfinement, qu’il soit national ou local, n’a jamais été abordée depuis la rentrée dans le cadre du conseil de défense ou du conseil des ministres.
« Quand le président parle, c’est signe d’un durcissement », prévient un conseiller de l’exécutif, qui a en mémoire les allocutions prononcées par le chef de l’Etat, au printemps, pour annoncer le confinement du pays, puis la prolongation de cette mesure exceptionnelle. « Il y a une volonté de serrer les boulons, car les chiffres ne sont pas bons et que nous approchons des vacances de la Toussaint », assure-t-on au sein du gouvernement.
Un conseil de défense devait se tenir mardi matin, pour déterminer quelles décisions prendre. Dans la gamme des mesures possibles avant d’avoir recours au confinement, un conseiller liste la possibilité de mettre en place, par exemple, un couvre-feu, ou bien d’annoncer la fermeture des commerces. En cas de confinement localisé, ce dernier pourrait être décrété à l’échelle des zones d’alerte aujourd’hui retenues par le gouvernement. En clair, celle des métropoles.
« Réduire le taux de reproduction du virus »
Pour les scientifiques, si la première vague a pris tout le monde par surprise, les connaissances acquises depuis permettent d’envisager des réponses plus nuancées. Pour ralentir la circulation du virus, plusieurs options se présentent : on peut agir sur la probabilité de transmission (en portant un masque, en gardant ses distances, par les gestes d’hygiène), sur le nombre de contacts par personne (en limitant les interactions sociales) ou sur la durée de la période de contagiosité (avec des médicaments). « Pour réduire les contacts, il n’y a pas beaucoup d’autres choix que le confinement, mais celui-ci peut se décliner de différentes façons », explique l’épidémiologiste suisse Antoine Flahault.
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