Publicité

Étudiants propalestiniens rassemblés devant Columbia : plusieurs manifestants sanctionnés pour refus de quitter leur campement

Certains manifestants qui refusent toujours de quitter l’université malgré l’ultimatum des autorités ont été suspendus administrativement, a annoncé la prestigieuse université américaine lundi 29 avril.

L'université Columbia à New York, d'où est parti un mouvement propalestinien sur des campus aux États-Unis, a commencé à sanctionner des étudiants qui refusent de quitter, «sauf par la force», un campement installé depuis dix jours. La nouvelle vague du mouvement d'étudiants et de militants contre la guerre que conduit Israël contre le Hamas dans la bande de Gaza a gagné nombre d'établissements, de la Californie (ouest) à la Nouvelle-Angleterre (nord-est) en passant par le centre et le sud du pays.

«Nous avons commencé à suspendre (administrativement) des étudiants, dans le cadre de cette nouvelle étape pour assurer la sécurité de notre campus», a annoncé à la presse lundi soir le vice-président chargé de la communication de Columbia, Ben Chang. Après un week-end relativement calme sur le campus, où est installé un «village» de tentes, la présidente de Columbia Minouche Shafik a lancé lundi un ultimatum expirant à 18H00 GMT. Elle a exhorté 200 occupants d'un campement à partir, à la suite de l'échec de cinq jours de négociations pour une solution à l'amiable.

«Nous ne serons pas délogés»

Ces étudiants et militants propalestiniens exigeant que Columbia, université privée, coupe les ponts avec des mécènes ou entreprises liés à Israël, avaient alors appelé à «protéger le campement». «Nous ne serons pas délogés, sauf par la force», a crié lors d'un point de presse Sueda Polat, une dirigeante étudiante du mouvement en dénonçant «une tactique pour faire peur qui ne signifie rien face à la mort de plus de 34.000 Palestiniens».

Des dizaines de jeunes ont défilé, le visage caché par des masques sanitaires, marchant autour du campus en tapant des mains et en chantant «Libérez la Palestine», selon une journaliste de l'AFP qui a dénombré une cinquantaine de personnes restantes dans le petit campement dans une atmosphère détendue et sans présence policière.

«Pressions politiques»

Columbia avait assuré vendredi qu'elle ne ferait pas appel à la police de New York pour évacuer les tentes. Mais pour Joseph Howley, professeur à Columbia, l'ultimatum lancé par la présidente Shafik équivaut à «céder aux pressions politiques externes».

La vague de protestation s'étend dans les universités américaines depuis dix jours. Le mouvement est parti de Columbia où cent personnes avaient été interpellées le 18 avril. Depuis, des centaines d'autres - étudiants, enseignants et militants - ont été brièvement interpellées, parfois arrêtées et poursuivies en justice dans plusieurs universités du pays.

Les images de policiers anti-émeutes intervenant sur les campus, à la demande des universités, ont fait le tour du monde, rappelant des événements similaires aux États-Unis lors de la guerre du Vietnam. Les manifestations ont ravivé le débat tendu depuis l'attaque du Hamas en Israël le 7 octobre, sur la liberté d'expression, un droit constitutionnel et des allégations d'antisémitisme.

Cet hiver, les deux présidentes d'universités de Harvard et de UPenn ont dû démissionner après avoir été accusées devant le Congrès à Washington de ne pas faire assez contre l'antisémitisme. D'un côté, des étudiants et enseignants accusent leurs universités de chercher à censurer la libre expression politique, de l'autre plusieurs personnalités, dont des élus républicains, estiment que les militants attisent l'antisémitisme.

Des étudiants juifs ont rejoint les rangs des mobilisations propalestiniennes. «Nombre de nos étudiants juifs, et d'autres, ressentent ces dernières semaines une ambiance intolérable. Beaucoup ont quitté le campus et c'est une tragédie», a dit dans son communiqué la présidente de Columbia. Minouche Shafik a en outre affirmé que l'université ne se désengagerait pas de ses investissements en Israël.

Des centaines d’arrestations dans d’autres campus

Mais le chef des républicains à la Chambre des représentants, Mike Johnson, a dénoncé sur X un «campus dépassé par des étudiants antisémites» et appelé Minouche Shafik à démissionner.

Dimanche, la Maison Blanche a appelé les manifestations de soutien à Gaza à rester «pacifiques» et condamné «les propos antisémites». La porte-parole du président Joe Biden, Karine Jean-Pierre, a rappelé lundi que «la liberté d'expression devait se faire dans le cadre de la loi et du droit».

Au cours du week-end, plus de 350 personnes ont été interpellées dans plusieurs universités à travers le pays et le campement de Boston a été démantelé. À l'université du Texas à Austin, un campement a aussi été démantelé et quelques personnes interpellées. Lundi, la police a utilisé des bombes lacrymogènes au poivre face aux manifestants. «Aucun campement ne sera autorisé», a déclaré le gouverneur conservateur du Texas, Greg Abbott sur les réseaux sociaux.

L'avocat Paul Quinzi, qui défend à Austin des personnes détenues, a dit à l'AFP estimer «à au moins 80 le nombre d'arrestations» qui «continuent». À la Virginia Commonwealth University (VCU) de Richmond (nord-est) aussi la police a poussé dehors des manifestants, selon des images des télévisions locales. Des étudiants ont accusé les forces de l'ordre d'avoir utilisé des gaz lacrymogènes pour les faire partir.

Des étudiants continuent de manifester dans un campement de soutien aux Palestiniens à l'université de Columbia, malgré la date limite de l'après-midi fixée par les responsables de l'université, à New York, le 29 avril 2024. Caitlin Ochs / REUTERS

La direction a déclaré sur le réseau social X avoir donné à plusieurs reprises aux manifestants, «dont beaucoup n'étaient pas des étudiants», des possibilités de quitter les lieux. «Ceux qui ne l'ont pas fait ont été arrêtés et sont en infraction», a-t-elle ajouté.

La guerre a été déclenchée par l'attaque sans précédent du 7 octobre sur le sol israélien par des commandos du Hamas qui a entraîné la mort de 1170 personnes, essentiellement des civils, selon un bilan de l'AFP à partir de données officielles israéliennes. En représailles, Israël a promis de détruire le mouvement islamiste, et sa vaste opération militaire dans la bande de Gaza a fait 34.488 morts, majoritairement des civils, selon le Hamas. Un bilan qu’il n’est pas possible de vérifier de manière indépendante.

Sujet

Étudiants propalestiniens rassemblés devant Columbia : plusieurs manifestants sanctionnés pour refus de quitter leur campement

S'ABONNER
Partager

Partager via :

Plus d'options

S'abonner
51 commentaires
  • anonyme

    le

    Ca ne risque pas d'arriver en France ces sanctions et l'intervention des forces de l'ordre...!

  • anonyme

    le

    Ca ne risque pas d'arriver en France ces sanctions et l'intervention des forces de l'ordre...

  • Padqua

    le

    Richmond au nord-est ?
    Richmond était la capitale des confédérés.

À lire aussi