Ce n’est pas demain que les agriculteurs abandonneront complètement le glyphosate pour désherber leurs rangs de pommes de terre ou de vignes à la binette comme le jardinier du dimanche. Mais ils devront en limiter fortement l’usage. C’est le sens d’un rapport rendu vendredi 9 octobre par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses).
Dans le cadre du « plan de sortie du glyphosate » du gouvernement, l’Anses a lancé une évaluation des « alternatives non chimiques » à cet herbicide, le plus utilisé dans le monde, et très controversé depuis son classement, 2015, comme « cancérogène probable » par le Centre international de recherche sur le cancer (CRC), une agence de l’Organisation mondiale de la santé. Au terme de ce travail, l’agence de Maisons-Alfort annonce qu’elle n’autorisera plus que les usages du glyphosate pour lesquels elle n’a identifié aucune alternative « non chimique ».
En effet, si l’évaluation conclut qu’il existe « des situations où le glyphosate peut être remplacé », il y a aussi « des usages où le glyphosate n’est pas substituable ». L’Anses se réfère à des travaux de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) relevant des situations d’« impasse technique », où « aucune alternative » d’usage courant ne permet de répondre à court terme aux besoins des professionnels, sans nécessiter une « modification substantielle des pratiques », qui aurait un « fort impact sur l’activité agricole ».
Des restrictions d’usage quand même
Par « impasse technique », l’Anses entend en premier lieu les situations où le passage d’outils mécaniques est irréalisable à cause de terrains en forte pente ou caillouteux. C’est le cas en particulier pour de nombreuses vignes. Dans ces conditions, l’usage du glyphosate reste « autorisé ». Il s’accompagne néanmoins d’une restriction de la dose annuelle maximale autorisée à 450 grammes par hectare, soit une réduction de 80 % par rapport à la dose maximale actuellement autorisée, précise l’agence.
Ces impasses techniques recouvrent aussi « l’impossibilité de disposer à court terme sur le marché français de machines agricoles permettant le désherbage sous le rang », que ce soit en viticulture ou en arboriculture, ou « la destruction des plantes indésirables vivaces (adventices) difficiles à éliminer ». Elles concernent aussi bien l’arboriculture fruitière (où le glyphosate reste autorisé pour les fruits récoltés au sol, comme les noix ou les pommes à cidres) que les grandes cultures (céréales, colza, tournesol…) où l’herbicide est là aussi autorisé dans les « luttes obligatoires réglementées ».
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